CultureS Shanghai

CultureS Shanghai Février-Mars 2022

CultureS Shanghai Février-Mars 2022

CultureS Shanghai

Février 2022…Cette période concentre 2 des 9 fêtes traditionnelles chinoises, dont la plus importante, la Fête du Printemps (春节 Chūn jié, le 1er février en 2022), 1er jour du calendrier lunaire, cher à la Chine et qui fixe les dates de l’ensemble de celles-ci. Cette fête du Nouvel An se clôture 15 jours plus tard, par le Festival des Lanternes (元宵节Yuánxiāojié, le 15 février 2022).

À l’origine, un empereur de la dynastie Han (206 av. JC-220), reprend le rite des moines bouddhistes, afin d’honorer les génies, qu’il est toujours bon d’avoir de son côté…
Aujourd’hui encore, après les rencontres familiales importantes de Chūn jié, dans la « Lǎojiā » (老家), beaucoup se retrouvent dans les villes et les villages, pour découvrir ou montrer leurs lanternes, arborées fièrement lors d’une promenade nocturne. Fabriquées autrefois en famille, elles pouvaient être achetées auprès de boutiques, tenues par des artisans du papier, car elles sont essentielles pour tous les rites de la vie chinoise, du peuple comme des élites.

En 2022 à Shanghai, on peut voir ces lanternes au YuYuan jusqu’au 18 février, ces installations colorées, le jour mais surtout la nuit, où le tigre se taille la part du lion !
Là se joue la magie des lumières, pour le plaisir des grands comme des petits. On déambule dans les ruelles pédestres du YuYuan bazar, sans oublier son joyau au centre : Hu Xin Ting construit en 1784 et transformé en 1855, en maison de thé. Des installations lumineuses prennent place de part et d’autre du pont en zig-zag, qui protège du mauvais génie.

On y déguste les traditionnels Yuanxiao (元宵), boulettes de riz gluant à la pâte de sésame, de noix, de fleurs ou de cacahuète, dans une eau de riz.
Leur forme ronde devient symbole de l’harmonie, de la famille réunie.
Il y a quelques années, des centaines de feux d’artifice officiels ou privés et quelques lanternes volantes, éclairaient le ciel des villes chinoises. Pour la sécurité des grandes villes, ils ne restent que dans nos mémoires.

Mémoire toujours, dans la ville chinoise axée vers le futur, Shanghai qui innove et expérimente sans fin, voit disparaitre des quartiers entiers de son passé.

Les temps de crises, sanitaire, économique ou autres, favorisent souvent un retour vers le « vintage », ce besoin de retrouver des vêtements, des accessoires, des films, des musiques, des objets d’autrefois.
La nostalgie nous prend…et c’est bon pour le commerce !

Alors on trouve depuis peu, des lieux pour vendre ces articles (comme au RDC « Abattoirs 1933 »), d’autres où sont reconstitués, des quartiers anciens, mais au B2 de centres commerciaux, comme le Century Link Mall ou le Raffles City Mall (Dongchangzhi lu, près du Shanghai Jewish Refugees Museum,Hongkou district).

Là se pressent des familles, dont les anciens s’extasient devant les objets de leur enfance et les montrent aux plus jeunes, mais aussi des jeunes Milléniaux, rois du selfie, prenant la pause dans cet environnement étrange pour eux, en se demandant pourquoi les écrans TV étaient si imposants, les petites voitures non téléguidées, ou même, l’intérêt de « remonter » un réveil qui en plus, scande le temps, bruyamment. Mais leur curiosité est bien réelle.

Revenons au présent, qui nous fait entrer dans l’année du « Tigre d’Eau » et puisqu’il ne sera jamais trop tard, pour souhaiter le meilleur à chacun d’entre vous : Fēicháng hǎo de yī nián !

DESSIN

« Dessiner Shanghai, le style de Shanghai dans la bande dessinée. »

Du 3 février au 26 mars 2022 de 10h à 19H. Shanghai Culture Square (上海文化广场).
Adresse  : 597, Fuxing Zhong Lu/ Shaanxi Nan Lu (复兴中路597号,近陕西南路),
Huangpu District. Métro : Lignes 1,10,12, Station Shaanxi nan lu, sortie 6.
Prix  : de 69 à 138 RMB. Réservation via QR code affiche ou sur place. Tel : +86 21 5461 9961. Site : http://www.shculturesquare.com Site officiel Wechat  : SCS_Marketing

Je vous l’écris tout de go, passer à côté de cette exposition, serait dommage !
Si plusieurs niveaux de lecture sont possibles pour les différents visiteurs, tous découvriront sa richesse, son humour, sa modernité, mais aussi la nostalgie qui en émane parfois et au-delà, la puissance immédiate du dessin face aux mots…que j’aime pourtant.

C’est à Shanghai et nulle part ailleurs, parce que c’est dans cette ville que la Chine moderne va naître, dans de multiples domaines.
Pour le monde culturel, le « Paris de l’Orient » accueillit pour la 1ère fois en Chine, la photographie, le disque, le cinéma, le magazine couleur et la bande dessinée ! Cette dernière est centenaire et se présentait à l’époque, comme un tout petit magazine, le Liánhuánhuà (连环画), avec 1 image et 1 texte par page, devenu « Patrimoine immatériel de la ville de Shanghai ». Peu cher, on pouvait les acheter aux vendeurs ambulants, qui les disposaient sur des petites étagères de bois ou une structure de bambou, qu’ils remettaient sur leurs épaules, à la recherche de nouveaux clients, dans le quartier ou le village, plus loin.

Le lieu : Shanghai Culture Square (上海文化广场).

Espace culturel majeur de Shanghai, le Shanghai Culture Square accueille tous les formats de la scène (théâtre, concert, comédie musicale). Le bâtiment bénéficie d’une architecture extérieure moderne et tout en arrondi. À l’intérieur, 65 000 m2 de surface et 2010 sièges, avec un design innovant, lors de sa conception, pour ce type d’espace.

L’exposition :

L’idée d’un événement, à l’occasion du centenaire de la bande dessinée, née en Chine à Shanghai, vient de la dynamique productrice d’exposition Julia Chow, qui a ses bureaux sur ce site. C’est donc la 1ère fois que Shanghai Culture Square, dédié habituellement au spectacle vivant, accueille une exposition. Le Service du Commerce et des Expositions de la ville de Shanghai, a apporté son soutien technique, pour l’adaptation du lieu, à ce nouveau type d’événement.

Cette exposition est pensée et réalisée par son commissaire d’exposition français, Yohan Radomski, illustrateur, scénariste de bande dessinée, auteur d’un travail sur son histoire et enseignant à l’Université Jiaotong, à Shanghai.
Le sujet étant vaste, il choisit judicieusement, l’angle artistique et narratif, au travers d’auteurs phares.

Quand on évoque le « style de Shanghai » en bande dessinée, on pense bien sûr à l’histoire de la ville et sa capacité à accueillir, mélanger puis s’approprier, les différentes cultures présentes. Ici, l’Orient et l’Occident se mêlent, comme en architecture (Hǎipài), illustrant son ouverture d’esprit et sa curiosité pour l’Autre.

Au regard des origines de la bande dessinée en Chine, Yohan Radomski, fait le choix rare, d’une exposition en 3 langues (mandarin, anglais et français). Sur 2 étages et 4 pôles, elle nous présente sur 1000 M2, pas moins de 600 dessins, de 12 artistes chinois, 5 français et 1 belge, pour traverser le temps de Shanghai. Chaque artiste est présenté, ainsi que quelques œuvres.

L’observation du regard des auteurs/illustrateurs sur la ville, est intéressante.
Si les étrangers choisissent de montrer une Shanghai moderne, déjà dans le futur, on perçoit une vraie nostalgie des auteurs chinois, pour la Shanghai historique.

Des années 1910 à aujourd’hui, se succèdent, les artistes comme Ding Song, Fēng Zikǎi, merveilleux illustrateur aux dessins doux et pédagogiques, mais à la vie tourmentée par l’histoire, Zhāng Lépíng, « père » du fameux et pourtant miséreux « San Mao », Fan Shengfu et ses jeux d’enfants, He Youzhi et son autobiographie illustrée, puis dans les années 50 et 60, l’histoire qui change la finalité de la création, par la bande dessinée de propagande...

Luo Xixian qui choisit de décrire la vie quotidienne des Shikumen, Lucie Gaillard et son irrésistible Ptite Lu.

Pour en dire un peu plus…

Ding Song (1891-1969) choisit de montrer par ses dessins, la femme moderne. Elle est instruite, sait conduire. On est loin des représentations de la femme-objet, plus en vogue à l’époque. Il deviendra le 1er doyen de l’Académie des Beaux-arts de Shanghai et son « salon » réunissant artistes et intellectuels, fut renommé.

He Youzhi (1922-2016), avant de devenir un grand maitre du « dessin au trait », arrive à Shanghai, pour s’y réfugier, pendant la guerre avec le Japon.
Dès 1949, il raconte sa vie en dessin dans la presse, puis les années suivantes, le quotidien de sa ville d’adoption. C’est un succès fou à l’époque, qui lui vaudra plus tard, son invitation au Festival de la Bande dessinée d’Angoulême (Charente).

Il inspirera les magnifiques dessins de Luo Xixian et la vie dans les shikumen qu’il décrit ou les peintures de Li Kunwu.

Dai Dunbang (1938- ) est un grand auteur shanghaien, reconnaissable sur ses dessins, par ses lunettes et ses cheveux hirsutes. Il raconte ses souvenirs d’enfance, dans le vieux Shanghai et dessine les petits métiers, souvent disparus des grandes villes chinoises, depuis.
Plus loin, une série exposée sur son travail pour un film, de recherche de personnages, sur celui emblématique de San Mao, créé par un autre « grand », Zhang Leping (1910-1992), qui œuvrait auparavant, dans le monde de la mode.

Dai Hongqian (1963- ) réalise dans cette série très réussie, une représentation concentrée, des bâtiments emblématiques, pour chacun des 16 districts de Shanghai (depuis 2011, Luwan est rattaché à celui du Huangpu).

Léa Murawiec (1994- ), venue étudier à Shanghai, est impressionnée par son gigantisme. Elle choisit de le retranscrire dans une vision moderne de la ville, la plus dense de Chine et nous emporte dans son univers de science-fiction.

Partant du fait que les personnes connues vivraient plus longtemps, elle dessine la ville, dans « Le Grand Vide  », où chacun en mal d’éternité, affiche son nom.
Son héroïne Manel Naher, évolue dans un monde, à la palette de couleurs réduite, visible sur l’affiche de cet événement.

Wang Weimin (1962- ), venu du monde de la bande dessinée, prend lui, le fleuve Huangpu comme fil conducteur de sa longue fresque de 30 m, réduite à 12 et dessinée à la plume pendant 5 ans. Les rives ont déjà bien changé depuis sa réalisation.
Et bien d’autres encore…

Dans les années 1980, la bande dessinée chinoise va perdre de son succès, par la concurrence de celle venue du japon, de l’arrivée des premiers écrans dans les foyers et des artistes bien mieux rémunérés dans le dessin d’art, que par les maisons d’édition publiques, qui détenaient de plus, la propriété intellectuelle de leur création.

Prenez le temps d’observer à l’entrée de l’exposition, une fresque historique de la bande dessinée (1920-2020), en libre accès, réalisée en collaboration avec la grande maison des « Editions des Beaux-arts du Peuple de Shanghai ».

Elle présente, par le choix d’œuvres majeures, l’évolution graphique et thématique des œuvres, comme marqueurs de leur époque.
Elle donne une idée de l’importance du travail de recherche, fait par Yohan Radomski et Julia Chow, auprès des auteurs, héritiers ou fondations.

Shanghai a accueilli et inspiré ces artistes chinois et internationaux, qui lui ont bien rendu, en offrant à la postérité au travers de leurs œuvres, son histoire et son style de vie si spécifique.

Découvrir un artiste, c’est entrer dans un univers qui lui est propre.
L’événement « Dessiner Shanghai, le style de Shanghai dans la bande dessinée » est à la fois un voyage dans le temps et entre ces différents univers.

Crédit photo : B. MAUGEIN

MULTI-MEDIAS

HOW Art Museum .

Du mardi au vendredi (13h-22h), le weekend (10h-22h).
Adresse  : 1, Lane 2277 Zuchongzhi Lu/Shengxia Lu, Pudong District
(祖冲之路2277弄1号,近盛夏路) Métro  : Ligne 2 Station Guanglan lu sortie 1.
Prix selon les expositions : 50 RMB ou 120 RMB. Wifi : How art museum mdp : iloveart Tel  : +86 21 5157 2277. Site : www.howartmuseum.org Site officiel Wechat : HOWArtMuseum

Nous avions parlé précédemment, de la puissante dynamique d’ouverture des musées en Chine. Elle a bénéficié à Shanghai et particulièrement au district de Pudong ces 5 dernières années, avec des acteurs majeurs, comme le MAP (Museum Art Pudong), le Shanghai Astronomy Museum, mais aussi des institutions culturelles privées, un peu plus modestes, comme HOW Art Museum.

How Art Museum est un concept relativement récent, qui allie hôtellerie et monde de l’art contemporain. En effet, le musée est intégré dans le bâtiment de l’How Art Hotel, 5 étoiles, tout en ayant son fonctionnement propre.
Le musée et l’hôtel sont complétés par le How sculpture Park, à l’extérieur. L’ensemble étant situé dans le parc ZhangJiang Hi-Tech de Pudong.

Dans la banlieue de ce district, faite de buildings à perte de vue, HOW Art Museum semble être la destination, de la plupart des piétons de la sortie 1 du métro. Ils sont majoritairement jeunes, citadins et instruits.

HOW Art Museum :

C’est un musée d’art contemporain qui occupe 3 étages du bâtiment « How » et 7000 m2, dont 4200 m2 d’exposition. Il a été fondé par le collectionneur chinois Zheng Hao et ouvre en 2017. Un 1er HOW Art Museum fut ouvert en 2013 à Wenzhou, ayant une vingtaine d’expositions à son actif.
Yun Cheagab dirige les 2 musées.
À Shanghai, il est le seul musée privé à ouvrir de nuit (jusqu’à 22h). Il présente des œuvres de son fondateur, mais aussi des expositions internationales importantes, comme celle de Damien Hirst ou de Joseph Bueys (jusqu’à fin février).

How Art Museum assure les fonctions habituelles d’un musée (exposition, recherche, programme d’échanges internationaux et éducation), mais aussi l’organisation, entre autres, d’un festival du film, en plein air.

Ses 2 premiers niveaux sont des salles d’exposition et le 3ème présente une galerie d’exposition plus petite, une grande boutique et une bibliothèque.

Le hall d’entrée lumineux et spacieux qui nous accueille, fait le lien entre les 3 structures How (hôtel, parc de sculptures et musée). Vous trouverez sur votre gauche, des casiers de consignes gratuits, pour les visiteurs.

Le reste du musée est une approche minimale, qui convient bien au type d’art exposé et permet une circulation libre entre les œuvres, sans parcours imposé.
Chaque exposition et partie d’exposition a une présentation en mandarin et en anglais.

Les Expositions en cours :

F1 : « Beneath the Skin, Between the Machines », (jusqu’au 24 avril 2022).

Entrons dans une exposition très contemporaine, autant par sa forme que par le sujet qu’elle présente. Fu LiaoLiao conservatrice et écrivaine de shanghai, présente le travail d’une vingtaine d’artistes ou de créatifs internationaux (*), sous forme d’objets, d’installations, de vidéos du réel ou du monde virtuel.
Et c’est bien de ces 2 mondes dont il est question, de cette porosité grandissante entre l’humain et la machine.
L’exposition part d’une pensée attribuée à Paul Valéry « L’Homme n’est l’Homme qu’à la surface. Enlevez la peau, disséquez et vous arrivez immédiatement aux machines ».

Depuis, l’Homme a fait aussi le choix de s’intégrer de plus en plus au monde des machines, qu’il conçoit et qu’il créée comme un prolongement de lui-même. Il se libère d’une certaine façon, grâce aux machines, des taches qui le lient à sa matérialité…il « incarne » la machine (et la nomme parfois !), pendant que lui, pense se libérer en se « désincarnant » : notre corps, nos comportements sociaux sont captés, analysés, transformés en données…on peut par exemple, récupérer les données morphologiques très précises d’une personne, puis créer un mouvement, une action, sans que « l’original », ne soit plus nécessaire, c’est l’hyper-réalisme de l’avatar.

Notez le reportage intéressant sur le « bio printing », culture de cellules, pour… réparation de pièces défectueuses !

Dans une dernière salle, un match France-Italie analysé par l’ordinateur, qui grâce aux données recueillies, permettra une analyse plus pointue des performances des joueurs, lors de la rencontre. L’Homme analysé par la machine qui restitue les données, à son utilisateur.

« L’exposition sonde la reconfiguration de l’homme par les technologies, à travers ce qu’il y a « sous la peau » et d’autre part, nous encourage à repenser la position et la situation dans lesquelles nous nous trouvons dans ce contexte à travers ce qui est « entre les machines ».

L’exposition prend tout son sens, quand on sait qu’HOW Art Museum se situe au sein d’un des centres de recherche en hautes technologies, les plus importants de Chine.

Touché ou non par ces sujets, qui sont déjà une réalité de notre quotidien, vous pourrez découvrir les réalisations des artistes, comme le processus de fabrication d’un avatar humain. Avec cette exposition, une chose est sûre, la conception que nous avons de nous-mêmes, est renouvelée par la nouvelle génération Hi-Tech, qui revisite notre machinerie humaine.

(*) Artistes exposés  : Revital Cohen & Tuur Van Balen, Simon Denny, Harun Farocki, Nicolás Lamas, Lynn Hershman Leeson, Lu Yang, Lam Pok Yin, David OReilly, Pakui Hardware, Jon Rafman, Hito Steyerl, Shi Zheng et Geumhyung Jeong

F2 : « Joseph Beuys Me & Beuys. Zhang Yu : Press and Trigger » (jusqu’au 20 février 2022 ).

Tous les 4 mois, HOW Art Museum, invite dans son projet « Me & Beuys », un nouvel artiste, à exposer son travail, issu d’un dialogue avec sa collection de l’artiste majeur Joseph Beuys.
Pour cette 6ème édition, c’est l’univers de l’artiste Zhang Yu qui est présenté.

Zhang Yu (张羽) :
Il est né en 1959, à Tianjin (l’une des 4 « municipalités » de Chine), il est diplômé de l’Académie des Arts et Métiers de sa ville en 1988.
Formé à la peinture traditionnelle à l’encre, il en fait évoluer les limites et invente son propre langage. Il abandonne le pinceau pour ses doigts, qui marqueront de couleurs, différents supports. Ses créations prennent la forme d’installations, de sculptures et de performances.

Son travail se trouve dans les collections du Metropolitan Museum of Art (New York), Musée National d’Art de Chine (Beijing), Musée d’Art de Hong Kong, Musée Benetton (Venise), Louisiana Museum of Modern Art (Humlebaeck)…
Cette exposition fut l’occasion d’un don d’une œuvre par l’artiste, au HOW Art Museum.

C’est l’occasion de découvrir bien sûr, la collection Joseph Beuys (1921-1986), du HOW Art Museum (affiches, objets personnels, photos, dessins, vidéo de performance).

« L’homme au chapeau », figure majeure de l’art contemporain, ne séparait pas l’art, de la vie, transformait la création en acte engagé et refusait de se limiter aux médias traditionnels de la création. Il a contribué aux mouvements de l’art conceptuel, moderne, à Fluxus, au Pop art (proche d’Andy Wharol) etc.

Esotérisme et politique ont inspiré sa création, qui pouvait prendre la forme d’actions publiques à forte symbolique, comme celle de « Coyote : I Like America and America Likes Me » (1974) aux U.S.

F3 : « Send Yourself Nowhere But Shanghai » par Joan Cornellà, (jusqu’au 13 mars 2022).

Joan Cornellà est un auteur, dessinateur de BD et illustrateur espagnol, de 41 ans. Il est titulaire d’une licence en arts et a exposé à Bangkok, Hongkong, New York, Londres et Paris (Arts Factory, 11e). Ses œuvres s’exposent de nouveau à Shanghai, pour 3 mois.

Connu pour son humour noir, qu’il distille dans ses dessins surréalistes, il y dénonce les travers de notre société contemporaine et des comportements humains.
Les scènes plutôt attrayantes au 1er abord, faites d’un trait simple et d’une succession de plans de couleurs vives, sont fantaisistes, étranges voire ridicules, à l’instar des personnages qui sourient de manière excessive.

Grâce à un message simple, il interpelle le regardeur, le surprend, l’invite à réfléchir, crée l’émotion. Pour Joan Cornellà, on peut rire de tout et son langage politiquement incorrect est souvent drôle, quelquefois cynique.

Beaucoup de succès auprès de la nouvelle génération, qui n’est pourtant pas épargnée, tout comme les réseaux sociaux, qui ont largement participé à la diffusion de son travail.

Ça commence par une salle « Free Hug » ultra pop, qui nous prépare à la palette de couleurs vives qui suivra. L’exposition comprend ensuite des installations et peintures (acrylique sur toile). Cette exposition qui touche parfois à l’absurde, en poussant le trait des travers humains, est tout simplement drôle, intelligente, thérapeutique.

Au même niveau, visitez la grande boutique HOW Art Store, où se vendent les produits dérivés des artistes « bankables » et découvrez le faux distributeur à l’entrée, dont la paroi transparente est en fait un écran interactif, donnant les informations sur les différents articles, de la boutique.

« Reminiscence : 9 Latent Episodes Behind the Bund ».

Jusqu’au 27 février 2022 ! YWCA Building, Somekh Mansion,Associate Mission Building et Lyceum Building.
Adresse : 133, 149, 169, 185, YuanMingYuan lu, Huangpu district. Ouvert de 11h à 18h.
Entrée libre.

CultureS Shanghai fait régulièrement référence, au quartier artistique du Rock Bund. L’exposition « Reminiscence : 9 Latent Episodes Behind the Bund », la 1ère du genre, présente les mutations de ce quartier, dans 4 lieux historiques de la YuanMingYuan lu, au travers de photographies, films, cartes et quelques œuvres d’artistes.

Commencé il y a 10 ans, le « projet Rockbund  » devrait se terminer d’ici fin 2022, la restauration/ rénovation de 11 bâtiments historiques, la construction de 5 nouveaux et la réorganisation d’une structure de 1897, entre la rivière Suzhou et Nanjing dong lu. Bund et Rock Bund bénéficient de ce programme, car ils symbolisent l’entrée de Shanghai dans la modernité, initiée dans ce qui fut l’ancienne concession britannique, dont l’ancien consulat borde cette rue de la YuanMingYuan.

L’évolution de la ville et ses soubresauts, sont racontés visuellement par le chercheur et conservateur Shi Hantao, entouré de 9 artistes et universitaires.
Il y parle d’histoire mais aussi des habitants et de leurs « vies pleines d’ambition, de vitalité, de confusion et de désillusion, ainsi que de cupidité et d’hypocrisie ».

4 lieux d’exposition, 4 bâtiments :
YWCA Building, bâtiment art déco de 1933 et de 9 étages, qui accueillait les jeunes femmes chinoises chrétiennes. Pendant féminin du YMCA. Madame Soong MeiLing, l’une des 3 célèbres sœurs Shanghaiennes, y était professeur d’anglais.
Somekh Mansion.
Associate Mission Building, bâtiment de 6 étages de 1933, qui abritait le Conseil chrétien et quelques organisations religieuses.
Lyceum Buiding.

Si vous avez peu de temps à consacrer, préférez les expositions du 1er et 3ème bâtiment, qui ne pourront vous laisser indifférents.

YWCA Building (F3) : Intéressant voyage dans le temps, où l’on prend la mesure des mutations de la ville et les changements de vie des Shanghaiens.

Bien sûr il y a les documents (photographies, cartes, dont celle animée, très riche en informations, créée par l’artiste japonais Kaneko Tsunemitsu, d’après un original de 1939), mais aussi le travail d’artistes, comme celui qui choisit de magnifier le quotidien, filmé dans un documentaire de Eugène W.Castle (1947), en ajoutant par un travail minutieux, quelques touches d’or à des objets usuels, dénués de valeur (lunettes, vêtement, pinceau à encre de l’écrivain public etc.)

Il y a aussi quelques histoires, plus intimes, racontées par ces photographies sur nature morte, magnifiées elles aussi, grâce au travail de l’artiste Ma Liang et sa série « Faramite Flower »,

ou l’histoire improbable, de ce couple de riches Shanghaiens, en mal de sensations fortes, qui posent le 7 mars 1936, devant un ballon à hydrogène, avec « nacelle-baignoire », pour être emporter au gré des vents.

Ils auraient disparu… L’artiste Zhou Yulong se basant sur de vrais documents, nous emporte avec lui, au gré de son imagination. Il parait que l’homme d’affaires et sa belle, n’auraient en fait, jamais quitté la terre trop prospère de Shanghai…

Associate Mission Building : Cette exposition présente les photographies des mutations plus récentes de Shanghai, grâce au photojournaliste Lu Jie et ses vues aériennes. Dans les années 1980, pas de drone, mais le photographe s’étant vu refuser, de prendre des clichés par la porte de l’avion ouverte, n’hésitera pas à se faire attacher au-dessous de l’avion ! Et plus encore…

Remerciements à la passionnante guide sinophone, Clarisse Le Guernic.

PEINTURE

« The Year of The Tiger » par Chen Yingjie.

Jusqu’au 20 février 2022 ! Danysz Gallery.
Du lundi au samedi (10h-18h), dimanche (12h-18h). Adresse : The Independents House, 256 Beijing East Road (x Jiangxi Road)
Métro  : Lignes 2 et 10, Station : Nanjing East road. Site : www.magdagallery.com Contact : info@magda-gallery.com Tel  : +86 21 64224735

Mettant habituellement en lumière l’art contemporain, au travers de ses différents médias, jusqu’au street art dont elle s’est fait une spécialité, Danysz Gallery fait le choix cette fois de la tradition.

Difficile de passer à côté des symboles forts et omniprésents, que sont les signes astrologiques en Chine. Ils conditionnent le calendrier lunaire chinois, la vision que le peuple chinois, aura de l’année qui vient, avec ses drames et ses bons auspices.

Danysz Gallery célèbre donc l’Année du Tigre, avec une exposition personnelle de Chen Yingjie. L’artiste se confronte à la symbolique de cette fête traditionnelle, en offrant un vibrant hommage à ce signe.

Les œuvres présentées suivent la composante taoïste de ses peintures. Pour lui, le tigre est dans l’esprit de chacun : vif, majestueux, puissant, courageux et intrépide. « C’est donc à nous de le libérer avec audace, comme une force et une sagesse de vie ».

Si Chen Yingjie utilisait auparavant, le tigre, comme symbole de la colère, ce sont les émotions complexes du cœur, ainsi que la poursuite des rêves que véhiculent pour lui, la force et la beauté de l’animal, aujourd’hui. Pour l’artiste : « nous devons surmonter les défis de notre parcours et faire confiance à notre instinct. Nous grandirons à travers les luttes, trouverons de la force dans le défi et du courage dans la peur ».

Chen Yingjie :
Il est né en 1991, à Foshan où il vit et travaille (province du Guangdong).
Il a étudié au Raffles Design Institute de Singapour.

Il a exposé à Tank et Power Station of Art (Shanghai), CAFA Art Museum (Beijing), ArtScience Museum (Singapour) et est présent dans certaines collections privées et publiques, comme Honolulu Museum of Art, BMW China Automotive ou CapitaLand Group. Il a collaboré avec des marques comme Cartier, Volkswagen, Louis Vuitton, ou Adidas.
L’artiste a été nommé l’un des « 30 Under 30 » de Chine, par Forbes en 2020 et l’un des « 25 Contemporary Chinese Artists You Need to Know » par le magazine américain Complex.

RAPPEL

Si vous allez voir le spectacle des lanternes au YuYuan, pour bien commencer l’année du « Tigre d’Eau », visitez l’exposition autour du chocolat de l’atelier artisanal « Choc Choco » (entrée 5 du YuYuan, JiujiaoChang lu). Bien sûr, ne soyons pas dupes, cette petite exposition a bien pour finalité, de vous faire fondre devant les réalisations du chocolatier, en fin de parcours.
Il a quelques chances d’arriver à ses fins…

Plus sérieusement, c’est plutôt bien fait, accessible, très visuel et olfactif, puisque le chocolat est partout. D’abord dans la salle d’accueil qui présente, le rassemblement improbable, de toute une ménagerie devenue chocolatée, sous l’effet d’un génie gourmand.

Puis au sous-sol, vous découvrirez quelques œuvres d’art et d’artisanat, elles aussi « chocolatées », par le même génie, comme celles de Dali, Van Gogh ou Picasso, revisitées en atelier…de confiserie.

L’exposition présente les différentes espèces de cacaoyers et les visiteurs pourront toucher les cabosses ou les fèves.

Pourquoi ne pas laisser la porte ouverte à l’enfant que nous étions ? La légèreté de temps en temps, ne nuit pas.

Saviez-vous qu’en décembre 2011, a eu lieu dans l’Himalayas Center de Pudong, le « Shanghai World Chocolate Dream Park  », 1er parc à thème, sur le chocolat en Chine.
Une grande opération séduction, des producteurs de chocolat, afin de présenter cette matière noble, pas encore populaire à l’époque en Chine. Les choses ont bien changé…

Pourquoi donner de la visibilité, à cette petite exposition dans CultureS Shanghai ?

Parce que c’est l’occasion de rappeler, que la Chine traditionnelle, n’a jamais séparé art et artisanat. L’expérimentation, l’intelligence de la matière, le sens de l’esthétique, la créativité, étant nécessaires aux 2. C’est bien l’Occident depuis la Renaissance, qui a créé ce clivage conceptuel, que la Chine moderne a adopté, ensuite. Les temps changent et nous le voyons dans les créations de certains jeunes artistes chinois, qui revendiquent de nouveau, cette réunification…

Françoise BOURRY-MAUGEIN
culture@shanghai-accueil.com