CultureS Shanghai

"CultureS Shanghai" Janvier 2019

"CultureS Shanghai" Janvier 2019

CultureS Shanghai

Janvier 2019… Évoluant entre 2 cultures, nous vivons aussi au rythme de 2 calendriers : le grégorien que nous connaissons bien et le calendrier chinois (luni-solaire), qui décide ici et ailleurs pour la diaspora chinoise, des principales fêtes traditionnelles.
Notre 2ème Nouvel an sera donc le 5 février 2019, (ou début de l’année 4716 dans le 1er système calendaire chinois, dont le point de départ était l’année de naissance (-2697) de « l’Empereur Jaune », père de la civilisation chinoise). Le 5 février commencera alors, l’année du cochon, animal jugé « sympathique », ici en Orient et surtout très favorable.

Je vous souhaite donc, de vous sentir à votre place ici à Shanghai, de découvrir ce que nous offrent les artistes, d’être ouverts à leur questionnement salutaire parfois.
Écoutons, regardons et restons attentifs à ce qu’ils nous disent…

Ceci s’applique aussi aux galeristes, par les choix qu’ils font (artistes, œuvres, scénographie etc.). Illustrant ces 2 cultures, je ne peux passer sous silence le départ de Jean Loh, acteur incontournable de la photographie en Chine, conférencier, éditeur, jury et photographe.

crédit photo : Wang Yaodong

Il accueillit pendant 12 ans, dans sa petite galerie « Beau Geste », au cœur de Tianzifang, le travail de photographes plus ou moins célèbres, mais toujours pertinents dans leurs propos, comme Marc Riboud, Gérard Rancinan, Bruno Barbey, Grégoire de Gaulle, Yuki Onodera, Ma Hongjie, Isabel Munoz, Lu Guang, Wang Fuchun etc. On dit que « nul n’est irremplaçable », mais qui aura son audace, son exigence, son intelligence ?
Dans une société où l’argent est souvent le maître, qui fera le choix de l’intégrité au détriment du business parfois ? Jean Loh nous manquera parce qu’il est irremplaçable…

Musées

World Expo Museum

Du mardi au dimanche, de 9h à 17h (dernière entrée 16h15).
Adresse : 818, Mengzi road /East Longhua road, Huangpu district.
Métro : Ligne 13 (st.World Expo Museum sortie 2).Tel : +86 21 2313 2818
Site : www.expo-museum.org.
Entrée gratuite, ticket à prendre à l’accueil. Dépliant disponible en anglais.

Shanghai, signe de sa reconnaissance internationale, a organisé l’Exposition Universelle en 2010, 1ère du genre en Chine.
Forte de cette expérience, elle présente dans un bâtiment futuriste, ouvert le 1er mai 2017 et à la pointe des technologies de communication, l’histoire des expositions universelles et plus particulièrement la sienne, mais aussi celles des expositions spécialisées (textile, urbanisme, aéronautique…), horticoles et des triennales de Milan. Non, vous ne vous ennuierez pas, car tout est fait pour !

Le World Expo Museum de Shanghai est le seul musée (et centre de documentation) officiel au monde, entièrement dédié aux Expos et autorisé par le BIE (Bureau International des Expositions) : organisation intergouvernementale chargée de superviser et de réglementer toutes les expositions internationales (de + de 3 semaines et non commerciales). Ce musée est le résultat d’une coopération entre le BIE et le gouvernement de Shanghai. Ses architectes : ECADI.
Il présente : 8 grands halls (1 par thème), dans des ambiances lumineuses, agréables et maîtrisées, 3 salles d’exposition temporaire, 2 jardins (occidental et oriental) sur le toit. Café, restaurant, librairie (ouverts en saison), Salles de cinéma dynamique et de théâtre,
Boutique (RdC).

Les différents halls : 1 (The world comes together), 2 (Moving with progress), 3 (Vision of future), 4 (World of challenges), 5 (Century’s event), 6 (World civilization), 7 (Chinese wisdom), 8 (Vision of future).
Des affiches d’époque, témoins des styles en vogue (Art Nouveau, At Déco etc.) vous accompagnent entre ces halls, le temps de la montée de l’escalator…ou des marches, pour « un esprit sain dans un corps sain » !

Au commencement, rappel visuel de toutes les Expos Universelles, Spécialisées, Horticoles, et Triennales de Milan (lieux/années), où les nations échangeaient leurs connaissances dans le domaine scientifique, économique, social et culturel.

L’histoire des Expos Universelles commence à Londres en 1851. Vous découvrirez l’immense maquette lumineuse et translucide, de son bâtiment emblématique : le « Crystal Palace » dont les travaux furent dirigés par le prince Albert de Saxe, époux de la Reine Victoria.

« Paris, ville spectacle » : seule ville ayant reçu 6 Expos en 1 siècle (1855-1857-1878-1889-1900-1937) ! Un Français vous expliquera sur un grand écran…en chinois (merci pour la traduction), la transformation impressionnante de Paris, au fur et à mesure des 6 Expos. Vous assisterez, grâce au virtuel, à l’installation progressive des bâtiments, dont beaucoup sont toujours présents. Le plus célèbre d’entre eux : la Tour Eiffel bien sûr !

Pont Alexandre III (Paris) pendant une Exposition Universelle .

Vous découvrirez les progrès techniques présentés lors de « Paris 1889 » qui vont bouleverser la société (énergie vapeur, électricité, métro...).

Hall 2 : Mais les Expos voyagent entre les continents : Vienne (1873), Melbourne (1880), Chicago (1893, avec l’omniprésence de l’eau sur son site), ou Bruxelles (1910, où les incendies détruisirent beaucoup des bâtiments, par la suite).

Hall 3 : Il est consacré aux Expos de Paris (1937), N.Y(1939)... aux Expos Spécialisées. Leurs thèmes étaient d’une grande variété. En 1951, Lille accueillait l’Exposition Internationale du textile, Paris, celle de l’urbanisme et de l’habitation (1947), Rome celle de l’agriculture (1953), Stockholm celle du sport (1949). L’Exposition Universelle de Seattle (1962), lui laissera en héritage sa fameuse « Space Needle ».

Hall 5 : (Century’s Event) retrace plus particulièrement l’aventure de Shanghai Expo 2010 (du 1er mai au 31 octobre 2010) et ses 73,03 millions de visiteurs, fièrement affichés dès l’entrée, ainsi que 246 pays et organisations internationales participants. Ce fut de fait un vrai succès, avec un enjeu environnemental nouveau pour la Chine et clairement communiqué, au travers du thème de Shanghai Expo 2010 : «  Better City, Better Life » !

L’esprit de l’Expo : « The patriotic pride of a training glory for China” Tout est dit !
La mascotte « Haibao », la maquette du site où chaque pavillon est présenté et la musique qui va bien, permet une séance de rattrapage pour les absents de l’événement et font participer à cet élan…

Hall 6 : Mention spéciale pour cet espace, où sont rassemblés les dons des différents pays, à la ville de Shanghai.

Vous y trouverez : des bijoux anciens du Pérou ou ceux de Sissi, impératrice d’Autriche, des objets d’art en bois, porcelaine ; un vélo futuriste du Danemark ; la copie de notre ancêtre Lucy d’Ethiopie, la copie réaliste du manuscrit sur « la Théorie de la relativité » d’Einstein offert par le pavillon d’Israël (l’original étant à l’Université hébraïque de Jérusalem), ou une partie du « Seed Temple », pavillon britannique exemplaire, dont le sommet de chaque fibre hérissée autour du bâtiment, contenait une variété de graines, comme un petit conservatoire de notre monde végétal.

Hall 7 : Ici, des objets d’art et d’histoire emblématiques de la culture chinoise : "bleu et blanc", brique de la grande muraille de la 1 ère dynastie impériale chinoise, Qin etc. offerts par les provinces de Chine à Shanghai.

Des jeux interactifs, des films d’époque, des images de synthèse, des maquettes, des objets culte, nous permettent une meilleure compréhension de ces rendez-vous stratégiques et humains.

On est bien loin du 1er « mémorial Shanghai Expo 2010 », dans un ancien et triste bâtiment du site de Shanghai Expo 2010. À voir en famille…cette fois c’est une réussite : esthétique, pédagogique et culturelle ! Pour les fans des Expos Universelles ou tout simplement les curieux, c’est un voyage dans le temps et dans l’espace… depuis Shanghai !

Heureux de toutes vos découvertes, n’oubliez pas de vous diriger à la sortie du musée, vers le fleuve Huangpu tout près, afin de reconnaître sur les 2 rives, les différents bâtiments, découverts dans le hall 5, sans oublier l’impressionnant pont Lupu, construit à l’occasion de Shanghai Expo 2010.
Pourquoi ne pas continuer par une balade sur les rives, si bien aménagées ?

" Napoléon » Shanghai Himalayas Museum"

Jusqu’au 28 février 2019, Shanghai Himalayas Museum, du mardi au dimanche,
de 10h à 18h et 21h30 le samedi soir. Prix : 88 RMB, 60 RMB (étudiant, enseignant).
Adresse : 3F, Zone A, No.869, Yinghua Road/ Fangdian lu 樱花路869号A区3-4楼, 近芳甸路 Métro : Ligne7 st. Huamu road. Téléphone : 50339801.
Site : www.himalayasart.cn

Quand un pays étranger entreprend de présenter une figure emblématique nationale, pour ne pas dire un mythe, comme l’est Napoléon 1er, on ne sait pas vraiment à quoi s’attendre. Quand on sait que le fond d’exposition est issu de la plus grande collection privée au monde sur le sujet, celle de Pierre-Jean Chalençon, on est rassuré.
Pour ce retour dans le passé, il vous faut traverser un couloir « spatio-temporel ». Vous serez accueillis par l’Empereur lui-même, ou plutôt sa représentation par Jacques-Louis David (1748-1825), son peintre attitré. Il lui concevra aussi son trône.

À côté, comme tout au long du parcours, une œuvre contemporaine d’un artiste chinois , entame le dialogue avec un Napoléon hiératique, fait de terre et d’herbe. Et puis à l’abri des vitrines, les découvertes s’enchaînent :

  • LE bicorne (modèle d’été,1805 !) de Napoléon 1er (puisqu’il est déjà couronné depuis 1804).

  • Les 2 tomes originaux du Code Napoléon (1802), héritage national envié, plus pérenne que la gloire de ses victoires militaires, presque effacée par la seule « Waterloo ».
    D’ailleurs, cet échec est parvenu jusqu’en Chine puisqu’il existe dans la langue chinoise, l’expression "Cǎnzāo huátiělú" (惨遭滑铁卢), "Tragique Waterloo", quand un échec important met fin à une longue réussite...Napoléon n’a pas eu la fin glorieuse espérée. Robert Brasillach résumait pertinemment : "l’Histoire est écrite par les vainqueurs"...
  • Un morceau de planche d’acajou, provenant du cercueil de Napoléon et donné par le Général Bertrand, (compagnon d’infortune à Ste Hélène, de l’Empereur déchu,), à son frère.

  • Son livre de géométrie de l’école militaire,
  • Le célèbre portrait inachevé du jeune « général » de l’armée d’Italie (1797-1798). Il fut donné à Denon, directeur du Musée Napoléon 1er (devenu Musée du Louvre).
  • Son buste sculpté (bronze, porcelaine, terre) ou peint.

Tous ces objets précieusement conservés démontrent un culte du personnage, maintenu jusqu’à nos jours. Le prix des pièces s’envole d’ailleurs dans les salles de vente, défiant toute rationalité. Des objets plus intimes sont aussi exposés : affaires de toilette, sous-vêtements, doses de « Thé ou de savon du nécessaire des batailles ».

Les objets ramenés de Ste Hélène, ne sont plus ceux du génie militaire ou de l’Empereur mais ceux d’un homme déchu et malade qui avait fait trembler l’Europe.

Pourtant, peintures et objets précieux rappellent son apogée, quelques années plus tôt, lors de sa proclamation comme Empereur (18 mai 1804), puis de son sacre (2 décembre 1804) à Notre Dame de Paris, par le Pape Pie VII, dont on voit le cadeau : anneau or et saphir (porté aujourd’hui par le collectionneur Chalençon…Joséphine en perdrait son créole !) ainsi que le coussin de couronnement brodé d’une abeille, symbole choisi par Napoléon.

D’autres objets, quelquefois étonnants : le lit de campagne militaire de Napoléon (1808) : combien de stratégies ont été pensées sur cette couche spartiate ?

Horloge en bronze doré, banquettes, certificat de mariage de Napoléon avec son amour Joséphine de Beauharnais (1804), puis son annulation ( et non divorce en1809) pour "raison politique", par absence d’héritier.

On découvre alors la nouvelle Impératrice Marie-Louise et leur futur enfant le Roi de Rome (dessins, layettes), mais aussi des cartes à jouer ou un nécessaire à thé, de son exil à Ste Hélène etc.

Pour finir, pourquoi ne pas vous asseoir sur des sièges « impériaux » devant un documentaire en anglais sur Napoléon Bonaparte ? Le tout dans un intérieur "façon Empire". Là tout est faux et tout est à vendre, jusqu’aux bouteilles de vin…même pas corse ! En Chine, le business n’est jamais loin...

On peut apprécier ou non la scénographie, mais le dialogue avec les artistes chinois est intéressant. Le nombre et la qualité des pièces présentées, permettent à chacun de s’approprier la Grande Histoire, de la rendre palpable et finalement très humaine…

Sculpture

« Caravan of Wanderer, Worshiper, Lover of Leaving » par Chen Yujun

Jusqu’au 28 février 2019. Rén Space (仁庐), ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Adresse : N°10, Lane 133, Shang Wen lu/ Henan lu, Huang Pu District, Shanghai (上海市黄浦区尚文路133弄10号). Métro : Lignes 8 et 9 st. Lujiabang road sortie 1.
Site : www.renspace.net ; Contact : info@renspace.net
Tel : 21-63462033

Au cœur d’un lilong, aux limites Sud de ce qui fut la vieille ville chinoise de Shanghai (Nanshi), la galerie Rén Space se démarque par son espace. Dans une maison typique à 3 niveaux, dotée d’une terrasse sur la toiture et d’une cour fermée, cette galerie ouverte en 2013, expose des artistes chinois contemporains de tous âges. Le fondateur de la galerie, un Américain d’origine coréenne, collectionneur passionné, soutient les artistes rencontrés au fil du temps.
Il s’engage dans un programme international multidisciplinaire de résidences d’artistes et de conservateurs, d’expositions, d’ateliers et de conférences. Des ateliers sont mis à la disposition des d’artistes (USA, Belgique, Japon) par des partenariats.

Rén Space devient une plate-forme et un laboratoire d’échanges entre les artistes et les acteurs du paysage culturel shanghaien et international.

La galerie expose des artistes aux univers aussi différents que Wang Xingwei, Zhang Peili, Lu Yang, Deng Yuejun etc. Peinture, Sculpture, encre, installation, impression, photographie, vidéo…tous les médias sont représentés.

Rén Space accueille cette fois, Chen Yujun, né en 1976 dans la province du Fujian. Il se forme auprès de l’Académie des Beaux-Arts de Hangzhou dans le Zhejiang (diplômé du département des techniques mixtes) et en devient même un des professeurs (1999 à 2004). Il vit et travaille à Shanghai.

Il participe à des expositions collectives (Bangkok, Beijing, Bruxelles) ou solo (Shanghai et Beijing). Il est exposé au Brooklyn Museum (New York), à la Collection d’art contemporain chinois White Rabbit (Galerie White Rabbit, Sydney), au Musée M + d’art (Hong Kong), à la Collection DSL (France), aux musées Yuz et Long (Shanghai).

Parti des formes travaillées en simple argile (2017-18), il leur donne une autre dimension grâce à la technologie 3D, en étudiant « l’esthétique interculturelle ». En effet, les représentations des personnages et animaux sont influencées par les cultures, les traditions religieuses. Les rencontres avec d’ex-expatriés et les voyages ouvrent ses horizons. « En élargissant le concept de "soi" à "nous", un nouveau "nous" émerge de cette expérience : des identités plus riches et un système de croyances plus inclusif ». De l’argile, Chen Yujun est passé au plâtre peint, aux marbres blanc de Carrare, rose du Portugal, noir de Belgique, au bronze.

À l’accueil de Rén Space, Lin pourra vous accompagner de ses explications quelquefois nécessaires...Observez aussi, les détails de cette maison qui bénéficie d’une protection du Patrimoine (carrelage, moulures, distribution des pièces, balcon).

Rappels :
1. « Deeper Strata of Meaning” par Hu Weiqi et Wang Haichuan chez Art + Shanghai Gallery, jusqu’au 24 février 2019.

2. Si le Funk vous fait vibrer : « Chromeo », vendredi 25 janvier 2019
Arkham, (168 Julu Rd, 巨鹿路168号). En concert à San Franciso, Los Angeles, N.Y et Shanghai en janvier…
Un aperçu : https://www.youtube.com/watch?v=2snpXb3DSlw

https://www.247tickets.com/t/chromeo-shanghai

Françoise BOURRY-MAUGEIN
culture@shanghai-accueil.com