CultureS Shanghai
Mai 2020... On peut dire que l’année du rat n’a pas commencé sous les meilleures auspices pour la Chine, puis le reste du monde. Les vœux de santé lors du Festival du Printemps qui inaugurent l’année selon le calendrier lunaire, ont détrôné c’est sûr, ceux de prospérité, traditionnellement mis en avant. Mais ceux qui connaissent la Chine et son histoire, son énergie, savent aussi sa capacité à rebondir et parfois même à faire de l’adversité, une force.
Cette période d’épidémie (confinement) qui impacte la culture, tout comme l’économie et le sociétal, pose une question plus large, sur les changements dans notre manière d’appréhender ce monde de la culture. Cela était déjà perceptible sur la nouvelle génération et son accélération de la dématérialisation des arts, via la place grandissante du numérique : téléchargement de musique, de cinéma, de spectacles… Et quid des musées, des galeries qui exposent les arts plastiques, présentent des performances, mais aussi des lieux de mémoire, de sciences ?
Peut-on concevoir le choix du tout numérique, l’oubli de la structure physique culturelle ? NON, je le dis sans attitude réactionnaire et surtout sans nostalgie de ce qui a été ! L’évolution numérique dans la communication des lieux de culture, apporte une visibilité efficiente indéniable. Ces lieux ont ainsi potentialisé leurs fonctions d’éducation, de conservation ou de commercialisation, aux quatre coins du globe. C’est un atout incroyable mais … nous sommes incarnés !
Alors, comment renoncer à l’émotion, au questionnement, au merveilleux qui naissent seulement ou pleinement, devant l’œuvre physique s’offrant à nous, l’espace d’un instant ? Comment renoncer à cette douce et récréative déambulation réelle et mentale, quand nous visitons physiquement, un lieu de culture ?
Et enfin, comment renoncer au plaisir d’apprendre et d’entrevoir de nouveaux espaces de découverte de la pensée ou des savoir-faire, grâce aux femmes et aux hommes qui font vivre ces lieux de culture et nous enrichissent par leurs réponses PERSONN…ALISEÉS ?
L’Avenir reste à inventer
Revenons à Shanghai où l’on peut découvrir des musées de taille modeste, comme le Centre des affiches de propagande ou de bien plus grands comme le World Expo Museum, à la renommée internationale et bien plus encore…
MUSÉES
Propaganda Poster Art Centre.
Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 17h.
Adresse : Huamin Han Zhen International Plaza, 726, Yanan Xi lu, tour Est
Métro : Station Jiangsu road Lignes 2 et 11 sortie 4.
Prix : 25 RMB .
Tel : +86 21 6211 1845/ 139 0184 1246
Mail : pmyang999@163.com
Parce qu’il est un des lieux visités par les touristes, mais surtout par les nouveaux arrivants à Shanghai et qu’il se trouve dorénavant dans un nouvel espace, c’est l’occasion de vous présenter le « Propaganda Poster Art Centre ».
Il est le résultat de la passion d’un homme, Yang Pei Ming, conscient de la valeur historique de ces affiches dessinées. Il va les sauver de la destruction, les collectionner dès 1995. Il partagera ce patrimoine tellement spécifique, dès 2012 au travers de ce centre.

Il est vrai que l’espace est modeste, mais il a plus de clarté et moins d’humidité que le précédent. Et puis l’immobilier a un prix à Shanghai, comme me le rappelle Yang Pei Ming. Soyez patients, des petites pièces non exploitées devraient « un jour », augmenter la surface d’exposition des affiches.
On comprend au travers de ces affiches, toute l’aspiration et l’énergie d’un peuple…ou de ses dirigeants. « Toute une génération d’artistes a dédié sa vie, à la création et au développement de ces posters » et à la pensée qu’ils promouvaient.
Posters de la propagande et calendriers du Shanghai des années 20-30 sont ainsi considérés comme « héritage culturel ». Cette collection de 6000 pièces en constante évolution, dont certaines en unique exemplaire, couvre une longue et tumultueuse période pour la Chine, de 1910 à 1990.
A l’entrée, vous trouverez une présentation en chinois, anglais et français, puis un ancien de la dynastie Qing (1644-1911), quelques héros des premières heures de la République de Chine.
Moins guerrières, les « Belles de Shanghai » ou « Shanghai Ladies » apparaissent ensuite sur des posters-calendriers, édités de 1920 à 1940 . Références de la beauté chinoise, elles contribuaient à promouvoir les produits de luxe de l’époque (cosmétique, cigarettes, alcools etc.).

Les modèles représentés existaient réellement et posaient pour des peintres ayant reçu une commande (voir le livre « Les Filles de Shanghai »). Le travail était ensuite répliqué par centaines . Ces modèles étaient sélectionnés selon les critères de beauté de l’époque. Dans un studio, après une mise en scène savamment orchestrée, la « Belle » prenait une position lascive, son sourire éclatant, habillée d’une Qipao ou d’un déshabillé… de soie bien sûr !
Ensuite, vous entrerez dans le vif du sujet : les affiches de propagande.

Vous pourrez ainsi découvrir une vision de l’histoire, un style, des symboles, des hommes (pas beaucoup de femmes) et une sensibilité propre à cette époque de la République Populaire de Chine, qui s’étend de 1949 à 1986. Cette période fondatrice est divisée en 6 parties : 1949-53 ; 1957-62 ; 1963-65 ; 1966-71 ; 1971-79 ; 1979-86.
Il est à noter que ce musée privé est approuvé par le gouvernement, dont il reçoit une subvention annuelle. Trip Advisor le classe 5ème sur 25 des plus populaires musées de Chine. Une petite boutique vous permet d’acquérir quelques copies d’affiches, cartes postales, livres et supports divers.
World Expo Museum

Du mardi au dimanche, de 9h à 17h (dernière entrée 16h15).
Adresse : 818, Mengzi road /East Longhua road, Huangpu district.
Métro : Ligne 13 (st.World Expo Museum sortie 2).Tel : +86 21 2313 2818
Site : www.expo-museum.org.
Entrée gratuite, ticket à prendre à l’accueil. Dépliant disponible en anglais.
Shanghai, signe de sa reconnaissance internationale, a organisé l’Exposition Universelle en 2010, première du genre en Chine.
Forte de cette expérience, elle présente dans un bâtiment futuriste, ouvert le 1er mai 2017 et à la pointe des technologies de communication, l’histoire des expositions universelles et plus particulièrement la sienne, mais aussi celles des expositions spécialisées (textile, urbanisme, aéronautique…), horticoles et des triennales de Milan.
Non, vous ne vous ennuierez pas, car tout est fait pour !
Le World Expo Museum de Shanghai est le seul musée (et centre de documentation) officiel au monde, entièrement dédié aux Expos et autorisé par le BIE (Bureau International des Expositions) à Paris : organisation intergouvernementale chargée de superviser et de réglementer toutes les expositions internationales (de plus de 3 semaines et non commerciales).
Ce musée est le résultat d’une coopération entre le BIE et le gouvernement de Shanghai.
Ses architectes : ECADI.
Il présente : 8 grands halls (1 par thème), dans des ambiances lumineuses, agréables et maîtrisées, 3 salles d’exposition temporaire, 2 jardins (occidental et oriental) sur le toit. Café, restaurant, librairie (ouverts en saison), Salles de cinéma dynamique et de théâtre,
Boutique (RdC).
Les différents halls : 1 (The world comes together), 2 (Moving with progress), 3 (Vision of future), 4 (World of challenges), 5 (Century’s event), 6 (World civilization), 7 (Chinese wisdom), 8 (Vision of future).
Des affiches d’époque, témoins des styles en vogue (Art Nouveau, At Déco etc.) vous accompagnent entre ces halls, le temps de la montée de l’escalator…ou des marches, pour « un esprit sain dans un corps sain » !
Hall 1 : Au commencement, rappel très visuel, par de longues plaquettes de couleurs, de toutes les expos universelles (bleu marine), spécialisées (bleu ciel), horticoles (vert), et triennales de Milan (jaune), avec leurs lieux et dates, qui s’étend de 1851 à Londres à Osaka en 2025.
C’est le temps où les nations décident d’échanger leurs connaissances dans le domaine scientifique, économique, social et culturel.

Pour les Expos Universelles, l’histoire commence à Londres en 1851. Vous découvrirez l’immense maquette lumineuse et translucide, de son bâtiment emblématique : le « Crystal Palace » dont les travaux furent dirigés par le prince Albert de Saxe, époux de la Reine Victoria.
« Paris, ville spectacle » : seule ville ayant reçu 6 Expos en moins d’un siècle (1855-1867-1878-1889-1900-1937) !
Sur un grand écran, un jeune Français sinophone vous expliquera … (merci pour la traduction), la transformation impressionnante de Paris, au fur et à mesure des 6 Expos. Vous assisterez grâce au virtuel, à l’installation progressive de bâtiments qui devaient être temporaires. Certains ont échappé à leur disparition programmée et embellissent aujourd’hui Paris, comme le Grand Palais ou la Tour Eiffel bien sûr !

Pont Alexandre III (Paris) pendant une Exposition Universelle .
Vous découvrirez les progrès techniques présentés lors de « Paris 1889 » qui vont bouleverser la société (énergie vapeur, électricité, métro...).
Après les images virtuelles, les images réelles du "grand Monde » qui se presse pour découvrir les prouesses scientifiques et technologiques. Afin de ménager la fatigue des visiteurs, un tapis roulant sur une structure en bois, les emporte vers les autres sites de l’Expo.
Hall 2 : Mais les Expos voyagent entre les continents et 5 grandes maquettes nous rappellent celles de Vienne (1873), Melbourne (1880), dont le bâtiment principal est toujours visible, Chicago (1893, avec l’omniprésence de l’eau sur son site), Bruxelles (1910, où les incendies détruisirent beaucoup des bâtiments, par la suite) et San Francisco (1915).
Sur les murs, des films d’époque montrent que les Expos étaient aussi lieux de divertissement.
Dans une longue vitrine, des objets colorés accompagnés d’explications, symbolisent les plus grandes inventions de l’époque (dirigeable, train-vapeur, automobile, lampe incandescente quand l’Homme décide de repousser la nuit, téléphone etc. : succès auprès des enfants !
Hall 3 : 1929-1965 : Il est consacré aux Expos de Paris (1937), N.Y(1939)... aux Expos Spécialisées. Leurs thèmes étaient d’une grande variété. En 1951, Lille accueillait l’Exposition Internationale du textile, Paris, celle de l’urbanisme et de l’habitation (1947), Rome celle de l’agriculture (1953), Stockholm celle du sport (1949). L’Exposition Universelle de Seattle (1962), lui laissera en héritage sa fameuse « Space Needle ».
Hall 5 : (Century’s Event) retrace plus particulièrement l’aventure de Shanghai Expo 2010 (du 1er mai au 31 octobre 2010) et ses 73,03 millions de visiteurs, fièrement affichés dès l’entrée, ainsi que 246 pays et organisations internationales participants.
Ce fut de fait un vrai succès, avec un enjeu environnemental nouveau pour la Chine et clairement communiqué, au travers du thème de Shanghai Expo 2010 : « Better City, Better Life » !
L’esprit de l’Expo : « The patriotic pride of a training glory for China” Tout est dit !
La présentation de la mascotte de Shanghai Expo 2010 « Haibao » (forme bleue d’une goutte d’eau rappelant les enjeux environnementaux), la maquette du site situé entre les ponts Nanpu et Lupu, avec l’explication des pavillons et la musique qui va bien, permettent une séance de rattrapage pour les absents de l’événement et font participer à cet élan…Au delà, cette salle montre la joie de la nation chinoise à présenter ses savoir-faire et sa capacité à recevoir le Monde. Elle montre aussi sa prise de conscience environnementale dans la conception de l’événement.

Hall 6 : Espace, où sont rassemblés les dons des différents pays, à la ville de Shanghai.
Vous y trouverez : des bijoux anciens du Pérou ou ceux de Sissi impératrice d’Autriche, des objets d’art en bois, porcelaine ; un vélo futuriste du Danemark ; la copie de notre ancêtre Lucy d’Ethiopie, la copie réaliste du manuscrit sur « la Théorie de la relativité » d’Einstein offert par le pavillon d’Israël (l’original étant à l’Université hébraïque de Jérusalem), ou plus étrange, les toilettes en plaqué or offert par le Japon.
Mention spéciale pour le « Seed Temple », pavillon britannique exemplaire, dont le sommet de chacune des 60 000 fibres hérissées autour du bâtiment, contenait une graine différente, comme un conservatoire de notre monde végétal.

Hall 7 : Présentation des savoir-faire et objets d’art de la culture chinoise.
Des jeux interactifs, des films d’époque, des images de synthèse, des maquettes, des objets culte offerts par les provinces ou villes de Chine à Shanghai, nous permettent une meilleure compréhension de ce rendez-vous et de son atmosphère.
Vous pourrez revoir une partie de l’animation réalisée à partir de la fameuse peinture sur soie de plus de 5m « Along the River During the Qingming Festival », représentant la vie dans Kaifeng, alors capitale de la dynastie des Song du Nord et véritable succès de "Shanghai Expo 2010", toujours présente au Musée des Arts de Chine, ancien pavillon représentant la Chine en 2010.
Hall 8 : Il présente les expositions ayant lieu après 2010 et vous serez accompagnés de l’euphorisant « Hymne à la Joie » de Ludwig !
C’est sûr, on est bien loin du 1er « mémorial Shanghai Expo 2010 », dans un ancien et triste bâtiment du site.
À voir en famille…cette fois c’est une réussite : esthétique, pédagogique et culturelle !
Pour les fans des Expos Universelles ou tout simplement les curieux, c’est un voyage dans le temps et dans l’espace… depuis Shanghai !
Heureux de toutes vos découvertes, vous vous dirigerez peut-être à la sortie du musée, vers le fleuve Huangpu tout près, afin de reconnaître sur les 2 rives, les différents bâtiments, découverts dans le hall 5, sans oublier l’impressionnant pont Lupu, construit à l’occasion de Shanghai Expo 2010. Et pourquoi ne pas continuer par une balade sur les rives, si bien aménagées ?
EXPO PEINTURE
« Time to Go Out Again » Exposition collective.

Jusqu’au 7 juin 2020. Art + Shanghai Gallery, du mardi au dimanche, de 11h à 18h.
Adresse :191, Nan Suzhou lu/Sichuan lu, Huangpu District.
Métro : Lignes 10 et 12, St. Tiantong road.
Tel : +86 21 6333 7223 ; Contact : contact@artplusshanghai.com
Site : www.artplusshanghai.com
Crédit Photo : Art+ Shanghai Gallery
Ana Gonzales et Agnès Cohade, les 2 galeristes d’Art+ Shanghai Gallery, nous proposent à cette presque mi-année, une exposition collective.
Au travers de cette sélection d’artistes, puis d’œuvres, elles partagent l’esprit de la galerie et leurs espoirs mis en certains artistes.
Art contemporain et Chine sont au cœur de leur ADN.
Vous pourrez découvrir ou redécouvrir les œuvres de Ye Hongxing, Lin Fanglu, Shi Jindian, He Jian, Pang Yun et quelques autres.

Ye Hongxing : présentée dans « CultureS Shanghai » lors de son expo de novembre 2019 (voir article :
https://www.shanghai-accueil.com/CultureS-Shanghai-Novembre-2019-126?var_mode=calcul )
Aux côtés de la série « Ksana » à l’imagerie traditionnelle chinoise, aux références bouddhistes et à l’utilisation des blancs comme respiration de la toile, la série « Nebula » est plus ancrée dans son temps.
À l’ère de l’ultra communication, des réseaux, de la « toile » ou tout simplement de l’interdépendance des êtres vivants, Ye Hongxing concrétise ces liens/traits d’union qui dessineront à leur tour des formes géométriques, à une autre échelle. Mais l’ensemble raconte aussi notre solitude, « enfermé dans notre cellule »… ronde.
Un léger hachurage discret et gris renforce cette idée de réseau. Vous reconnaîtrez sans doute au centre de la toile n°3, un animal à la symbolique bénéfique en Chine et qui a perdu de sa sympathie dernièrement : biānfú, la chauve-souris…
Bien sûr la perle rappelle la Chine (1er producteur mondial), la roue et les engrenages, le temps qui fait son œuvre. Notons l’effet réussi, du placement de la toile carrée en position diamant !
À regarder de près et de loin, sans fin, tellement il y a à voir et à penser…
Huang Yulong : cet artiste également établi, présente 3 sculptures, dans l’esprit des séries précédentes, mélangeant avec audace, la philosophie bouddhiste aux valeurs de fraternité universelle et de solidarité du Hip-Hop.
Conçues dans son atelier à Beijing, les œuvres voyagent vers le fondeur du Hebei, pour retrouver Huang Yulong et bénéficier de patines variées.
Illustration de sa reconnaissance : collaboration avec le célèbre acteur/chanteur Hongkongais, Andy Lau (+ de 160 films à son actif) et exposition de "son" immense lune sur les quais de Sydney, pour un projet en collaboration avec Alibaba/Tmall.

Shi Jindian : Cet artiste doyen de l’exposition, originaire du Yunnan, étudie les Beaux-arts (département sculpture) à Chongqing, la ville-montagne. Il vit et travaille à Chengdu (Sichuan).
D’œuvres de commande, il passe à la création d’objet-symbole en fil métallique et taille réelle, en lien avec l’histoire de la République Populaire de Chine (jeep de Mao, motos etc.)
La maturité aidant, ses dernières créations ont une tout autre dimension : il décide en effet d’encapsuler la mémoire !
Technique : Il tisse un fil métallique autour d’un objet du passé, qu’il détruira par le feu. La gangue de maille métallique prend alors la forme fantomatique de ce qui a été et les morceaux de bois calcinés, de l’objet qui n’est plus.
Les 2 violons fantomatiques (or et argent) illustrent la nostalgie au cœur de son travail et notre devoir de mémoire. D’ailleurs le monde de la musique n’a t-il pas payé un lourd tribut, lors de la Révolution culturelle (1966-1976), notamment les musiciens ambulants, tradition du Sichuan ?

Même travail avec d’autres instruments traditionnels comme le Gǔqín, commande de la maison Hermès ou les morceaux de porte d’une maison détruite par la ville nouvelle, mangeuse d’histoire et de patrimoine. Ceux-ci disposés en forme de vortex, seront protégés dans les mailles d’un paravent du rouge, si cher à la Chine.
Ces dernières années, on voit le retour à un travail très manuel et physique, avec des processus longs de la part des artistes. Mais l’Asie a un rapport au temps, si particulier et la Chine ancienne n’a elle, jamais hiérarchisé art et artisanat.
C’est dans cet esprit que vit et crée…
Lin Fanglu : diplômée de la prestigieuse CAFA de Beijing (département art, création libre et design), a un univers si particulier. En Master, elle avait partagé la vie communautaire de l’ethnie Bai du Yunnan, afin d’acquérir les techniques traditionnelles des pigments, broderies et cotons.
Si la vision moderne a assujetti l’artisanat à l’art, Lin Fanglu lui restitue son rang originel. Elle plie, brode, pigmente ses étoffes naturelles et leur donne des formes étranges, évoquant un univers féminin intime, se libérant parfois des agressions qui lui sont faites. Le propos est clairement féministe !
Sa modernité et son harmonie évidente entre art et artisanat ont conditionné sa candidature et ses sélections successives jusqu’aux finalistes du prix de la prestigieuse fondation d’art LOEWE (LVMH). Bonne chance…
Pang Yun (庞云) : cette artiste de Chongqing a une passion, les arbres !
Son œuvre raffinée en peinture à l’huile, travaillée en couches successives, traduit le mystère régnant dans la forêt et évoque l’élégance du mouvement du monde végétal. Travail sur les détails et jeux sur les contrastes de lumière donnent aux arbres un aspect fantomatique. « Trees have secrets », « Posture of the Tree »…Son prénom Yun (nuage) lui va finalement si bien.
N’hésitez pas à demander à voir d’autres œuvres dans « la salle aux trésors ».
Espérons peut-être de nouveaux sujets d’inspiration pour Pan Yuan…
He Jian : vit à Chongqing (Sichuan) où il enseigne à l’Institut des Beaux-arts (département peinture à l’huile).
Difficile d’être indifférent à son travail : les références chinoises du passé sont catapultées dans un contexte moderne. Imaginez des personnages d’aujourd’hui (télé-réalité, scène de rue etc.) représentés avec l’esthétique des bouddhas, des silencieuses et sacrées grottes de Mogao à Dunhuang (Gansu) !

Technique : pigments naturels + huile de lin sur papier de riz, avec un travail remarquable sur la texture (environ 7 couches travaillées), afin de restituer l’aspect défraîchi des fresques rupestres millénaires ou Yán cǎi huà (岩彩画).
He Jian, très investi dans ses responsabilités de professeur de l’institut des Beaux-arts, protège un peu de temps pour sa propre création.
Une série sur les objets de son enfance complète son travail : « Amplified Radio ».
Succès auprès de grands collectionneurs étrangers d’art contemporain chinois.
Et puisque la pandémie a forcément impacté les artistes, leur questionnement et peut-être même les techniques choisies, Art+ Shanghai Gallery présentera pour sa prochaine exposition du 10 juin au 30 septembre, la création conçue pendant cette période. Exposition qui changera au rythme de l’arrivée des œuvres…
Rappel :

1- Parce que le rythme c’est la Vie et qu’on a besoin qu’elle reprenne ses droits, en ces temps difficiles, le groupe français « Distortions » animera la soirée annuelle de Shanghai Accueil, le vendredi 29 mai 2020 au Pullman Hotel Jing’an.
« Ce groupe de rock est né en 2015 à Shanghai, de la passion d’une bande de potes pour le rock des années 70-80s. Au fil des années, et des expériences musicales du collectif, l’ADN Rock des « DISTOS » s’est complété avec des rythmes funk, ouvrant ainsi une nouvelle page musicale."
Chant et chœur : Caroline et Marie, guitares : Richard et Gregory, basse : Nicolas, batterie : Olivier.
Ouvert aussi aux non adhérents. Renseignements et inscription obligatoire par le lien :
https://www.shanghai-accueil.com/Soiree-dansante-313

2- "Journée internationale des musées" qui s’étend finalement à 3 jours !
ça veut dire 80 musées gratuits ou à prix réduits et seulement du samedi 16 au lundi 18 mai 2020 !
https://mp.weixin.qq.com/s/ooyi0WITqz-f_Y_mQBwTpA
À bientôt
Françoise BOURRY-MAUGEIN
culture@shanghai-accueil.com
Partager