CultureS Shanghai
Mars 2021...La Fête du Printemps s’est clôturée il y a quelques jours avec le Festival des Lanternes, Yuánxiāojié (元宵节) qui a lieu le 15ème jour du 1er mois du calendrier lunaire chinois.
Crédit photo : D.Brean
Shanghai a respecté la tradition par des décorations, (moins importantes cette année), dans certains quartiers mais surtout dans le traditionnel Yǔyuán ou « Jardin de l’Hésitation ».
C’est un qualificatif qui ne semble pourtant pas faire partie de l’ADN de cette ville que rien n’arrête. Nous le savons, ici tout est mouvement et le domaine de la culture n’est pas épargné.
Quand certains lieux disparaissent, comme le musée d’histoire de l’appareil photo, au sein d’IG Imaging Group, espace dédié à la photographie sur Anfu lu, ou comme le site de Red Town, ancienne usine sidérurgique n ° 10 réhabilitée et dédiée principalement à la sculpture et l’art contemporain, d’autres voient le jour comme le Shanghai Astronomy Museum sur Pudong (ouverture juin 2021) qui devrait être le plus grand au monde, d’autres encore se sont relocalisés comme Danysz Gallery ou Art+ Shanghai Gallery, au programme de ce mois de mars…
PEINTURE
« The Hazy Reality of the New World » par Miaz Brothers.
Jusqu’au 6 avril 2021. Magda Danysz Gallery
Adresse : The Independents House, 256 Beijing East Road (x Jiangxi Road)
Métro : Ligne10 et 2 Station : Nanjing East road. Du lundi au samedi de 10h à 18h, dimanche de 12h à 18h.
Site : www.magdagallery.com ;
Contact : info@magda-gallery.com Tel : +86 21 64224735.
Galeriste à Paris spécialisée dans l’art urbain, Magda Danysz s’installe à Shanghai en 2009, dans le district de Yangpu puis se relocalise dans le hall de « The Independents House » en avril 2017, entre le fleuve Huangpu et la rivière Suzhou, au cœur du quartier culturel et économique dynamique, du Rock Bund.
Ce métier de galeriste est "une passion et un engagement de tous les jours", pour celle qui l’a commencé à l’âge de 17 ans ! Elle est aussi commissaire d’exposition dans des collaborations avec des musées ou des fondations internationales. Elle intervient dans différentes institutions réunissant le monde de l’art, de la mode et du design. Elle fut aussi directrice artistique de la Villa Molitor.
Magda Danysz accueille cette fois 2 artistes italiens, les Miaz Brothers.
Roberto (né en 1965) et Renato (né en 1968), se forment dans l’école d’art de leur ville de Milan.
Ils sont sensibilisés à leur héritage italien des grands Maitres, Da Vinci, Raphaël, Canaletto etc. par leur père, fabriquant de cadres anciens pour peintures.
Évoluant dans le monde de la musique et de la vidéo (de 1994 à 1999), ils partent ensuite à l’international pour un « long parcours artistique ».
En 2000 : Installation aux US et collaboration avec des marques américaines (photographie, vidéo). Expérimentation de différents médias artistiques.
2005 : retour à la peinture.
2010 : Expositions personnelles et collectives à Londres, Amsterdam, au Mexique, en Italie.
Rencontre de Magda Danysz avec les Mia Brothers, lors d’une collaboration à Londres, à la Lazinc Gallery, pour une exposition d’artistes de street art, mode d’expression si cher à la galeriste, qui en devient une experte et une active promotrice.
Technique : Utilisation de peinture en aérosol, pour créer un effet flou caractéristique et produire ce qu’ils appellent "une indétermination substantielle de l’image"
Un aperçu : https://youtu.be/S124NHxtnHk
Cela amène le spectateur à faire une pause. Il intensifie son regard et cherche le placement le plus adéquat pour améliorer sa perception visuelle perturbée.
Le critique d’art Marco Meneguzzo explique : " Un visage flou est comme un mot effacé dans un document. Il devient immédiatement la clé de tout le texte…"
Les Miaz Brothers ont ressenti « l’urgence de faire quelque chose avec la peinture… Nous avons conçu le concept fondamental d’effacer les lignes pour obtenir un mouvement de couleurs sans faille. En juxtaposant des millions de points, on se dissocie apparemment les uns des autres pour former quelque chose qui n’est pas instantanément évident mais visible de loin… »
L’exposition comporte 10 œuvres de grand (100*130 cm) ou petit (80*65 cm) formats. Chaque œuvre est unique dans son format.
Quand l’un des frères vit à Londres, l’autre est à Valencia, mais c’est bien là en Espagne, qu’ils se retrouvent pour créer ensemble.
Il a donc fallu, vu la conjoncture, surmonter de multiples difficultés à l’équipe Danysz Gallery, afin d’organiser et de faire parvenir à temps les œuvres via Paris, à Shanghai.
Le jour du vernissage, un entretien virtuel et interactif fut organisé entre les Miaz Brothers, les invités en ligne et les visiteurs de la galerie. Une nouvelle manière pour les galeries d’art, de maintenir l’interactivité avec les artistes et le public.

Si les artistes ne souhaitent évidemment pas que l’on se concentre sur le lien avec les peintures historiques de ces portraits, puisque leur travail est une œuvre à part entière, conceptualisée et conçue par un tout autre process, dans une toute autre époque, le choix a été fait d’évoquer ce lien, pour le public chinois, pour qui la référence historique apporte un crédit supplémentaire, tout comme dans le domaine de l’architecture, pour certains projets.
Les œuvres « The Star » et « The Muze » sont reconnues de tous, la dernière achetée avant même le vernissage de l’exposition.

« The Hazy Reality of The New World », quelle pertinence au regard de la période vécue…
PHOTOGRAPHIE
« Remaining Island岚 » par Lǐ Yáng.
Jusqu’au 8 avril 2021. Art + Shanghai Gallery, du mardi au dimanche, de 10h à 19h.
Adresse : 191, Nan Suzhou lu/Sichuan lu, Huangpu District.
Métro : Lignes 10 et 12, St. Tiantong road.
Tel : +86 21 6333 7223 ; Contact : contact@artplusshanghai.com
Site : www.artplusshanghai.com
Crédit photo : Art+ Shanghai Gallery
Art+ Shanghai Gallery, accueille pour la 2ème fois, une jeune artiste chinoise, Lǐ Yáng, découverte à la prestigieuse CAFA de Beijing, à la fin de sa 7ème année d’études artistiques (Master en photographie). Originaire du Shandong, elle vit et travaille à Beijing, où elle a exposé au Today Art Museum (2014) et au Yan Huang Art Museum (2015).

Ana Gonzales galeriste, sensible au média de la photographie, avait accueilli avec Agnès Cohade, l’artiste lors d’une exposition collective (2018). Elle s’y distingue par sa série de photographies de personnages connus et amis, qu’elle habille d’un écran de plexis, sur lequel elle fait graver les symboles communs de nos écrans TV, ordinateurs ou smartphones. Ils agissent pour elle, comme des perturbateurs dans la perception de la réalité visuelle, du portrait à l’arrière.
C’était le 1er des 9 épisodes, d’un travail à plus longue échéance nommé « Remaining » qui utilisera un thème ou une forme d’expression différents, à chaque fois. Cette exposition « Remaining Island » en est le 2ème.
Les thèmes suivants seront les personnes et le temps, en attendant la suite. Malgré l’utilisation antérieure du dessin dans son expression artistique, Lǐ Yáng préfère l’immédiateté que permet la photographie, même si celle-ci est retravaillée.
« Remaining Island » nait d’un besoin d’isolement après un passage à vide de l’artiste. Elle part donc sur l’île de Pingtan (province du Fujian), en novembre 2018. Encore peu connue, elle y découvre quelques sites historiques, une certaine authenticité loin des touristes mais surtout une atmosphère alimentée par la période de mousson. Cette monochromie donne la sensation que le temps y est suspendu, la brume dissolvant également les détails des paysages.

Vidéo, photographies, livres pliés à la manière traditionnelle chinoise et meubles-console seront les médias choisis, pour retranscrire le cheminement physique comme plus intérieur que lui a offert l’île de Pingtan.
Le surnom de l‘île Pingtan est « Lan », il a le même ton que celui de bleu, la couleur que l’artiste aura finalement trouvée dans son « ciel subjectif », malgré la pluie et la brume omniprésentes, puisque l’île et le sens de son travail éclairciront finalement son horizon.
Par cette exposition, l’artiste recherche l’effet miroir pour le regardeur, confronté tout comme elle, à un questionnement sur notre existence, même à des degrés divers, face aux épreuves multiples générées par la pandémie.
La nouvelle génération chinoise sait ce qu’elle veut et quand elle se lance dans un projet artistique ou non, pragmatisme et sens des opportunités sont présents. La peur de l’échec est peu envisagée et le contrôle via les outils modernes de la technologie, la sollicitation des réseaux contribuant à la réussite, sont rassemblés. Li Yang, même pendant l’interview la veille du vernissage, contrôlera d’un œil attentif les derniers détails de l’installation de son travail, dans la galerie, …

Cette exposition très conceptuelle, plus habituelle dans une institution muséale, attire une nouvelle clientèle de jeunes Chinois(es), parfois déjà collectionneurs.
SPECTACLE
« Chroniques d’un Débridé - L’Histoire du Dragon qui faisait le coq » par Li Song.

Vendredi 19 mars 2021, 20h. Paradox Restaurant.
Adresse : 18, JinHai Lu. For Art Center 1F (醇庭法餐 金海路18号天物空间1F)
Métro : Ligne 12, St. North YangGao road.
Prix : 250 RMB (plat et boisson compris). Réservation : via code QR sur l’affiche.
Si certains l’ont découvert en décembre comme galeriste (voir article https://www.shanghai-accueil.com/CultureS-Shanghai-Decembre-2020), dans son nouvel espace de la Beijing Xi lu, Li Song est plus connu de la communauté francophone, comme auteur et interprète de son personnage truculent du Débridé, son autre vie…

Chinois né à Shanghai, Li Song a vécu près de 5 ans en France entre Brest et Paris. Il a suivi un stage de formation d’acteur à Avignon, a été présentateur du journal télévisé chinois en français sur CCTV (2008 et 2009). Il est aussi interprète-traducteur, agent littéraire.
Le spectacle « Chroniques d’un débridé / l’histoire du dragon qui faisait le coq » est la reprise du monologue théâtral humoristique, sur les déboires d’un Chinois tout au long de ses années d’apprentissage d’une langue et d’une culture, à la fois exotiques et déconcertantes : celles de la France.
Ce spectacle est aussi l’occasion d’apporter un témoignage rare, celui d’un Chinois trentenaire issu de la politique de l’enfant unique, ayant grandi avec les séquelles très présentes, de la Révolution Culturelle.
Un peu plus d’1 h de spectacle et « d’allers-retours entre la France et la Chine », nous font découvrir le parcours semé d’embuches culturelles et linguistiques de Li Song qui a appris le français et s’imprègne de sa culture, dès l’âge de 17 ans, au prix d’efforts conséquents et drôles, parfois.
Sollicité par un éditeur français, il aurait dû raconter son parcours dans les pages d’un livre, mais Li Song a préféré le spectacle vivant et l’interaction qu’il permet, avec le public. Le spectacle s’est enrichi de l’écriture collaborative avec Victor Guilbert, qui assure aussi la mise en scène. Notons la participation amicale lors du spectacle, de Frédéric Mitterrand. Ainsi, dès la naissance du projet, 2 visions, 2 cultures, 2 sensibilités se confrontent, s’observent, se rient un peu de l’Autre, se mélangent, pour finalement se respecter.
Quelques chiffres : depuis décembre 2017, plus d’une centaine de spectacles et plus de 10 000 spectateurs.
Notre expérience de l’expatriation nous imprègne de la culture chinoise (à des degrés divers), la démarche de l’artiste nous interpelle donc et agit comme un effet miroir. Reconnaître l’Autre dans sa richesse et sa spécificité culturelle, c’est alimenter notre ouverture au monde, créer du lien, pour finir par se reconnaître.
Li Song se produit donc le vendredi 19 mars à Pudong. Il devrait passer sans encombre c’est sûr, la frontière naturelle du fleuve Huangpu qui est aussi parfois pour certains d’entre nous, une véritable frontière mentale…
MUSIQUE
DISTORTIONS en concert.
Mercredi 17 mars 2021. Bar Rock Yuyintang Park.
Adresse : B1/F, 1398 Yuyuan Lu/Dingxi Lu, Changning District
(愚园路1398号B1层,近定西路)
Métro : Lignes 2,3 et 4. Station Zhongshan park. Sortie 5
Entrée libre. Tel : +86 21 5237 8662
Le rythme c’est la Vie et écouter ce groupe français, est cure de jouvence, pour les spectateurs de leur concert. Distortions dans sa « version V6 survitaminée », étend son terrain de jeu, aux scènes musicales de Shanghai.
Il se produira donc le 17 mars en compagnie d’autres groupes locaux, sur le 2ème site de l’icône live-house de Shanghai, Yuyintang, en face de l’entrée principale du Zhongshan Park. L’univers de cette scène musicale est rock et underground.

« Ce groupe de rock est né en 2015 à Shanghai, de la passion d’une bande de potes pour le rock des années 70-80s ». Au fil des années et des expériences musicales du collectif, l’ADN Rock des « DISTOS » s’est complété avec des rythmes funk, ouvrant ainsi une nouvelle page musicale.
Le groupe se compose des musiciens Greg et Rich à la guitare, Nico à la basse, Oliv à la batterie et Aude au chant.
Notez que Shanghai Accueil invite de nouveau Distortions, pour animer son Diner Concert annuel, le vendredi 19 avril 2021 à 19h30, sur le thème « Strass & paillettes ». L’animation sera complétée par un DJ.
Cet événement est ouvert également aux non adhérents.

Renseignements et inscription obligatoire par le lien :
https://www.shanghai-accueil.com/Soiree-dansante-506
RAPPEL
PEINTURE
« Florilegia painting : Marie’s Villa » par David Rodriguez et Wu Jifeng.
Jusqu’au 4 avril 2021.
Adresse : 3300 Yan’an west road, Building au fond à droite, F5.
Sur rdv, contact Wechat de l’artiste : jladavid
L’artiste colombien David Rodriguez expose, au 5ème étage d’une usine désaffectée de pigments de peinture, la Marie’s painting materials company, société shanghaienne centenaire.

Depuis notre rencontre en octobre 2018, lors de sa 1ère exposition « Self » dans une galerie du West Bund, consacrée à une série de portraits au fusain, son langage artistique s’est enrichi par ses expérimentations artistiques et ses rencontres.
Formé à l’Ecole nationale supérieure d’art et de design de Nancy (ENSA), il continue par un Master professionnel à la Sorbonne (Paris IV), et un programme Offshore de sa 1ère école.
Parti de la lame de fond qui dénonce dans l‘actualité, les agressions faites aux femmes, David Rodriguez s’interroge au travers de son travail, sur le regard que les anciens avaient eux, sur les femmes. Que ce soit dans les mythologies grecques ou romaines, parfois proches, les femmes sont des allégories de l’extrême. Si « les Charites » de la mythologie grecque, assimilées aux « Grâces » chez les Romains représentent la Nature, la Beauté ou la Séduction, finalement la Vie, « les Parques » elles, sont de redoutables fileuses, qui décident de notre destin et de notre fin, en coupant irrémédiablement le fil de notre vie.
Dans son travail « The Graces », l’artiste réinvente l’œuvre baroque du maître flamand Rubens, avec des techniques mixtes (fusain, peinture aérosol et acrylique sur toile), oubliant les visages, pour redonner toute son importance au langage du corps et des mains.

La série « Untitled » et « Tres » sont issus de son travail photographique sur le corps de 3 femmes de types caucasien, afro-américain et asiatique.
Il retrouve par hasard une affiche des années 30, représentant ces 3 (stéréo)types et l’associe à son travail dans « Utopia ? ».
Son ami chinois Wu Jifeng, formé également à la Villa Arson en France (institution nationale dédiée à l’art contemporain), expose dans une 2ème partie, des portraits, dans ce grand espace qui fut une ligne de production... de peinture !
À bientôt
Françoise BOURRY-MAUGEIN
culture@shanghai-accueil.comculture@shanghai-accueil.com
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