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« CultureS Shanghai »
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La lumière baisse inexorablement sur Shanghai, parce-que c’est novembre, parce-que l’automne fait son œuvre…Il faut donc chercher la lumière et l’énergie ailleurs ! Et pourquoi pas celles d’Ann Niu et sa nouvelle expo « Flash-Flash », ou celles de Russel Young et ses « Superstars » à la poudre de diamants, celles des couleurs de Chen Xuanrong , ou de l’énergie véhiculée par la culture Hip Hop de Huang Yulong.
Peinture
« Flash-Flash » par Ann NIU
Jusqu’au 9 décembre 2018. ArtCN Gallery, du mardi au dimanche 11h à 18h.
Adresse : 876, Jiangsu Road près de Huashan Road,上海市江苏路876号,近华山路
Métro : Lignes 10/11 (st. JiaotongUniversity). Tel : +86 21 6167 3917.
Contact : contact@annececilenoique-art.com
Pour + d’infos : www.annececilenoique-art.com
ArtCN reçoit pour la 4 ème fois, Ann Niu, avec une série complexe et un rendu visuel réussi. On retrouve la même qualité de réflexion de l’artiste, ses interrogations et ce même désir de dialogue et de jeu avec le « regardeur ».
À l’entrée, « Legend series » fait le lien avec son travail antérieur, mais vous devrez entrer dans la 2 ème pièce, pour le 2 ème effet « Ann Niu » !
À travers ses symboles, ses arcanes plus ou moins dévoilés, le mystique est présent dans son travail et il est non déconnecté de notre humanité. Il se présente comme une allégorie des sentiments humains qui nous lient : joie, nostalgie, naïveté...

Votre regard ne pourra résister à l’attrait visuel des matériaux choisis : paillettes colorées, perles et cristaux (certains de Swarovski) se lient aux papiers imprimés, aux encres et aux huiles, posés sur des toiles au tressage plus ou moins fin ou sur du papier de riz.
La littérature chinoise, l’esthétique des Hanzi et ses constructions mentales sont le point de départ du travail d’Anne Niu, mais cette fois, sa volonté d’un effet visuel fort par les matériaux choisis, lui donne un esprit Pop’art évident.
« Flash-Flash » c’est l’évocation du temps passé et futur mais aussi le jeu de lumière des paillettes, qui donne une énergie mouvante à son travail. L’artiste ajoute aussi des codes et des symboles, pour nous intriguer et nous obliger à chercher, à créer le dialogue avec elle. Vous reconnaîtrez peut-être les caractères « Da Ji » (jour de chance), présents dans les calendriers lunaires chinois et qui vous indique le moment favorable, pour un nouveau travail, une union, un déménagement.
Il y a aussi cet indicatif téléphonique, pour évoquer Shanghai, ville où l’artiste est née et où elle travaille.
Elle conçoit sa dérision, son extravagance et sa référence à la littérature par le biais des citations cachées, comme « un hommage au dadaïsme ».
Ann Niu étudie la calligraphie et la peinture très tôt, elle complète sa formation au Japon (Musashino Fine Art University), puis travaille dans le monde de l’art et du design. Aux U.S, elle finit par se consacrer à son art et rentre en 2000, à Shanghai. Elle a exposé à Hong-Kong, Singapour, en Australie, France et au Japon…
Ann Niu et ses petites lunettes rondes est une joueuse. Même sa coiffure semble avoir bénéficié de sa palette multicolore. Elle me dit son inquiétude d’artiste, au moment où elle doit partager son travail : « L’œuvre était-elle arrivée à son aboutissement ? » …Y a-t-il une réponse ?
À noter, la mise en place réussie d’une des séries d’œuvres sur des ½ sphères de plexis, lui donnant une amplitude intéressante.
Inutile de vous contenter des photos de l’exposition, vous perdriez c’est sûr, tout l’effet visuel et émotionnel des paillettes et des reliefs, impossible à retranscrire pour ce genre de matériaux.
Vous le savez bien, tout comme l’artiste, rien ne vaut le direct avec l’œuvre …
« Symphony of The Century ». Mutations du Bund et des alentours.
Jusqu’au 31 décembre 2018. "Musée d’art" de Shanghai Jiushi Bund, Jardin & Matheson Building,
du mardi au dimanche 10h à 16h30, dernière entrée à 16h
Adresse : 27 on the Bund, mais entrée/sortie par le côté droit du bâtiment (Beijing east Road / Zhongshan road passer le porche puis ascenseur F6).
Métro : Lignes 2 et 10 st.Nanjing east road . Tel : +86 21 6167 3917.
Entrée gratuite sur réservation via le QR code joint ou WeChat par http://www.quyou.net/hpzsh/order.aspx.
Ce nouvel espace culturel se trouve dans le bâtiment de 6 étages des anciens bureaux Jardine, Matheson & Co ou EWO (1922).
Elle fut la plus grande société de négoce en Chine et en extrême Orient. C’est elle qui pour protéger le marché très profitable de l’opium, fait déclencher les guerres de l’opium. Ce bâtiment est donc chargé d’histoire. Il est aujourd’hui classé au Patrimoine national. L’importante compagnie Jiushi gère ce petit musée, bientôt amélioré. Jiushi est issu du gouvernement de Shanghai et détient 1 compagnie de bus, 1 compagnie de taxi, des centres d’activités publiques, l’organisation du Prix de Shanghai de Formule 1 et du Shanghai Master Tour de tennis, mais aussi de l’immobilier, par les 35 bâtiments du Bund et bien plus encore !
Cette exposition temporaire de peinture, sur l’histoire et les mutations du quartier du Bund, s’arrêtera le 31 décembre 2018 pour des travaux, afin d’offrir un plus bel espace qui ouvrira en juillet 2019.
C’est un bon moyen de partager en famille, vos connaissances architecturales et historiques, au travers de ces représentations sur ce quartier. Il fut le lieu d’installation des premiers arrivants/aventuriers de la nouvelle Concession britannique, arrachée à la Chine, par le traité de Nanjing (1842).

Vous reconnaîtrez le Sémaphore des Jésuites et la rivière Bianjiang, limites avec la Concession française, mais également le quartier du Rock Bund où s’installe le 1er Consulat Britannique (au carrefour stratégique entre le trafic fluvial du Huangpu et celui de la rivière Suzhou), le club d’aviron et sa piscine ou la petite église protestante sur la Yuanmingyuan lu aujourd’hui.
Il y a aussi le Bâtiment historique d’HSBC (avec sa coupole), l’entrée de la Nanjing lu, la Cathay House de Victor Sassoon et sa pyramide verte (le Fairmont Peace Hotel aujourd’hui), la salle du bar (le + long du monde à l’époque : 21 m !) du Waldorf Astoria etc.
Une vidéo présente des films d’époque de ce quartier emblématique et touristique du Bund. Pour finir, vous aurez la vue imprenable sur les 2 axes du Huangpu et les tours de Pudong.
L’intérêt de cette exposition sera bien l’évocation historique et l’intérêt pédagogique, pas les techniques artistiques...
Peinture/ Sculpture
« Altered State : Deciphering Urban in the Art » Chen Xuanrong et Huang Yulong.
Jusqu’au 30 décembre 2018. Art + Shanghai Gallery, du mardi au dimanche, de 10h à 19h.
Adresse :191, South Suzhou Road, Huangpu District.
Métro : Lignes 10 et 12, St. Tiantong road.
Tel : +86 21 6333 7223 ; Contact : contact@artplusshanghai.com
Site : www.artplusshanghai.com

Un vent de jeunesse s’est emparé de la galerie Art+ Shanghai, avec ces 2 artistes baignés par la "Culture de rue". Chen Xuanrong et Huang Yulong, c’est une synergie évidente, malgré les 8 ans qui les séparent et le choix différent des médias, pour exprimer leur créativité. La vague, du Hip-hop né dans les années 1970, dans le quartier du Bronx à New-York, fut adoptée peu à peu par la jeunesse urbaine, dans le reste du monde, qui en se l’appropriant, a su la faire évoluer. Le Hip-hop c’est l’affirmation sans compromis, de ce que l’on est et de ce que l’on désire ou rejette. Elle ne se limite pourtant pas à une vision individualiste, car les 2 artistes interrogent l’urbanité en Chine, les inquiétudes et les espérances qu’elle fait naître.
Chen Xuanrong : est né en 1991, à Zhangzhou (province du Fujian). Après des études de sculpture, il intègre la prestigieuse CAFA de Beijing, mais dans un département assez atypique : l’impression. Il vient d’obtenir son Master (7 ans d’études) en 2018. Il a reçu le 3 ème prix pour son travail final à la CAFA. Intéressé par la culture Pop, Il part aux U.S et pense abandonner ses études dans l’impression, mais il sait qu’elles lui apportent une connaissance des matériaux ( gravés afin d’imprimer). Le choix de couleurs vives, aujourd’hui est comme une libération, après les 3 ans de noir et blanc en étude d’impression !!!
Le graphiti est devenu son langage, il n’est pas seulement représenté dans son travail, mais il devient une manière de représenter un immeuble, des bus etc. Ses décors semblent abandonnés par les hommes mais investis par le Street art, comme un témoignage de leur passage.
Après la découverte des oeuvres classiques des musées, puis du Street art, il choisit de les mêler, pour ne pas les opposer,
(illustré par l’encadrement classique, d’une toile de Street art).
Il vit et travaille à Beijing. Il a été artiste en résidence à Shanghai (OneHome Art Hotel) et à Taipei (MOCA).
Huang Yulong : (黄玉龙) est né en 1983 à Huainan ( province de l’Anhui). Il obtient un Bachelor de sculpture à l’Institut de céramique de Jingdezhen, berceau de la porcelaine. Tout comme sa génération d’enfant unique né dans les années 80, il s’imprègne de la culture du Monde, puis utilise les médias et les savoir-faire de Chine et d’ailleurs (porcelaine, patine métallique, verre, bronze et cristaux).
Dans la série "Skateboards", il marie tradition et culture de la jeunesse d’aujourd’hui, qui se globalise, au delà de ce que veulent les dirigeants : des skateboards, objets de rue, sont anoblis en porcelaine et recouverts de symboles réservés dans le passé, à la protection des élites (dragon, chauve-souris, Xiling, l’animal mythique et symboles bouddhistes).
Tout comme le skate de la culture Hip-hop, ses personnages sont revêtus du sweat à capuche, mais n’ont pas de visage. Sans lui, on ne peut identifier, la culture, le genre, l’âge de la forme humaine. Privé du regard, notre attention peut alors se porter, sur le langage du reste du corps.
L’oeuvre "YoBro" défit l’équilibre quand 2 "Brothers" se saluent, façon Hip-hop et à l’envers. Il existe une version taille réelle.
Pour lui, la culture hip-hop est "caractérisée par l’énergie, le pouvoir, la pureté, la sexualité, la liberté, le courage mais c’est aussi les pleurs et le sang".
Père d’une petite fille de 4 ans, Huang Yulong me dit que la parternité a apaisé ses colères, il goûte ainsi plus au bonheur de l’instant présent. Il espère "le futur toujours meilleur au-delà de l’adversité et des pressions du contemporain".
Le vernissage de l’exposition de Chen Xuanrong et Huang Yulong fut assez atypique pour une galerie d’art. Pour accompagner les cultures de Street art et Hip Hop des 2 artistes, la musique avait envahi les lieux et les visiteurs étaient invités à poser sur un grand panneau blanc, leurs marques en couleurs, au pinceau ou même avec les doigts. Beaucoup ne se sont pas faits prier..."J’aurais voulu être un artiste...." !!!
Parce-que Shanghai aime la lumière et les strass…
Expo Photo
« Superstars » par Russell Young
Jusqu’au 6 janvier 2019. Modern Art Museum Shanghai (Yicang Art Museum). Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Adresse : 4777 Bingjiang main road (Puming road/ Pudian road), Lujiazui district, Pudong. Entrée côté Sud, par une rampe (tout le RDC est en transformation).
Prix : 70 (étudiant, senior, carte Unionpay Diamond/Platium)-100 RMB.
Info : mandarin et anglais. Accès Wifi gratuit.

Histoire du lieu : « Modern Art Museum Shanghai » ou « Yicang Art Museum », est né du lieu de stockage de charbon "Laobaidu" réhabilité, sur les rives du Huangpu côté Pudong. Dans les années 70, 50% des familles de Puxi se chauffaient grâce au charbon de Pudong. En 1998, l’activité du site s’arrête.
De nombreuses compétences se rassemblèrent autour de ce projet de réhabilitation, commencé il y a 7 ans. Le fameux Halcyon Art Group fut un des acteurs.
Les fondateurs du musée sont Zhangxi et Dereck Yu.
Modern Art Museum Shanghai c’est la réussite d’allier la conservation d’un patrimoine de Shanghai, à l’offre d’un espace public de culture, sur la façade d’une artère fluviale dynamique. Pour quelques semaines, il accueille...
Russel Young, artiste de 59 ans, a grandi dans les cultures britannique et américaine. Il étudie le cinéma, le graphisme et la photographie à Chester et Exeter. Il part travailler à Londres. Il y photographie les stars de l’époque Paul Newman, Bob Dylan, Diana Ross, Bruce Springsteen, David Bowie… Il travaille pour des magazines comme Blitz, tourne des vidéoclips et conçoit même la fameuse couverture de George Michael, « Faith » en 1986. Il finit par acquérir une partie de la célébrité de ses sujets. A New-York, en 2000, il décide d’une démarche créative plus personnelle via la peinture, travaillant dans un studio de Brooklyn. Il exposera à Paris, Londres, Singapour, Zurich, Montréal… New-York, où il vit et travaille tout comme en Californie. Il a reçu avec sa femme Finola Hughes, le prix Spirit of Elysium, pour leur engagement dans des actions utilisant « l’art comme catalyseur de changement social ».
Cet espace atypique sur les bords du Huangpu, s’accorde parfaitement avec le propos de l’exposition de Russell Young. « Superstars » c’est la gloire mais aussi l’envers du décor, du rêve américain ou du star system, qu’il connait bien.

Comme une double face de la célébrité. Tout commence dans la 1ère partie, par une présentation du contexte historique de l’Amérique quand il est enfant (années 60) et les icônes (chanteurs, politiciens, stars du cinéma) qui l’accompagnent et les nouvelles idéologies que cette période fait naître.
Puis c’est à vous de jouer : vous pouvez prendre la pause dans 4 mini studios (fonds bleu, rose, jaune et rouge).

Vous récupérez les épreuves par un code QR via WeChat et vous pourrez en faire imprimer 1 à la fin du parcours. Ce sont les "15’ minutes de gloire" que nous prédisait Andy Wharol... Une « célébrité éphémère », ne vous emballez pas !
À l’étage supérieur (F3), cette exposition complète sur le travail de Russell Young, présente ses séries « Pig Portraits », la plus connue (2003), « Pretty Things » (2010) et quelques autres. Peinture, sérigraphie, sculpture et vidéo seront les supports. Des portraits issus de la presse, d’internet et même de fichiers de police, comme ceux de David Bowie, Elvis Presley, Al Pacino, sont rehaussés de couleurs monochromes et rappellent le travail du « pape du Pop art », Andy Warhol, qui lui aussi côtoyait les " Superstars", tout comme le milieu underground.

Et quand les visages de ces stars qui ont accompagné la jeunesse de Russell Young (ou la nôtre !), sont projetés sur les murs des dévidoirs à charbon, l’effet « grandeur et décadence » est immédiat !

Les séries "Pretty Things" et "Fame and Shame" seront rehaussées elles, de poussière de diamant. L’effet visuel est réussi.
Des séries plus sombres comme Helter Sketer (2010) , après le meurtre de l’étudiante Meredith Hunter, par des Hells Angels et sur l’Amérique blanche moins glorieuse qui extermine les autochtones. Les vrais héros pour Young, sont donc les indiens et non les cowboys comme le montre le cinéma Hollywoodien. Cette exposition est aussi un voyage au milieu de nos icônes du passé.

"Superstars" n’a pas oublié de mettre en lumière les stars asiatiques, sur la fin du parcours. L’Asie veut sa place au soleil ...
Dans le prolongement du Modern Art Museum Shanghai, vous trouverez dans des structures industrielles réhabilitées, petits restaurants et cafés, sur une façade de 800 m pour l’ensemble ! Après la visite de l’exposition, vous pouvez prolonger par une balade, sur les rives aménagées du Huangpu (13 km vers le Sud et 23 km vers le Nord). Des vélos à louer se trouvent sur la Puming lu.
Rappels :
- Cinéma : European Union Film Festival in China, du 8 au 19 novembre 2018 : https://mp.weixin.qq.com/s/dTO77St3SSptWQ3u_tMYUQ
- Sculpture : Louise Bourgeois jusqu’au 24 février 2019, au Long Museum : http://thelongmuseum.org/en/exhibition/overview/2dcfuv
- Photo/Vidéo : L’incontournable, l’international et insaciable J.R qui a laissé sa marque auprès des Shanghaïens en 2014, est de retour à partir du 11 novembre 2018, chez Danysz Gallery, 256, Beijing East road !
- Musique : The Distortions, groupe de rock et de New wave français formé à Shanghai, se produira le 24 novembre 2018, au Must Grill (881, Wuding lu à 21h). Une bonne cure de jouvence au son des années 80-90 et si vous ne résistiez pas au Dancefloor ?
Françoise BOURRY-MAUGEIN
culture@shanghai-accueil.com
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