CultureS Shanghai
Avril-Mai 2021...Le 4 avril, c’était Qīngmíngjié (清明节), ou la « Fête de la Pure Lumière ». Elle est pour la Chine et sa diaspora, l’une des 4 fêtes traditionnelles les plus importantes, avec celles du Nouvel An, des bateaux-dragons et de la mi-automne. Qīngmíng est également le nom d’une des 24 périodes solaires, du calendrier traditionnel chinois…lunaire. Il y a donc 2 périodes pour chacun des 12 signes du zodiaque ! Pour ne pas vous perdre tout à fait, revenons à l’essentiel : Qīngmíngjié c’est la fête des morts et le culte des ancêtres. Quelques jours avant, les familles, surtout à la campagne, déposent les offrandes sur les tombes : alcool, nourriture et nombreuses figurines de papier représentant les objets nécessaires au quotidien du défunt dans l’au-delà, comme le zhǐ qián (纸钱) « papier monnaie ». Ils seront brûlés et pourront ainsi, monter jusqu’aux défunts dans les cieux.
La confection de ces figurines était assurée autrefois par les « colleurs de papier », corporation indispensable, décrite dans le livre « Gens de Pékin » de Lǎo Shě. Le jour j, nettoyage et restauration des tombes familiales, avant d’assurer quelques rituels nécessaires. Un repas familial suivra où l’on partagera les bouchées Qingtuan colorées du vert du àicǎo ou armoise (艾草).
Dans la ville, vous trouverez sans doute des cercles ouverts dessinés sur le trottoir, avec au centre les restes de ces offrandes brûlées. C’est le moyen pour les citadins éloignés de leur lǎojiā, d’assurer ce culte primordial de la culture chinoise.
Par respect on contourne ces cercles. Là encore, poésie et pragmatisme se mélangent harmonieusement…
Sans transition, dans un grand écart sociétal et temporel, qui n’étonne pas ses lecteurs, CultureS Shanghai vous en dit plus, sur l’évolution du marché de l’art en pleine mutation numérique et dématérialisée. Il y a quelques temps, une nouvelle sortant du monde feutré du marché de l’art vers le grand public, faisait le buzz : l’artiste américain Mike Winkelmann alias Beeple vendait via Christie’s, l’œuvre numérique « Everydays : the First 5000 days » pour 60 millions d’euros à Venkateswaran et Sundaresan. Cette transaction n’aurait pas été possible sans certaines avancées technologiques, comme la Blockchain via les jetons NFT (Non Fungible Token), protégeant l’œuvre acquise de la copie et assurant sa propriété à son seul acheteur, ces 2 éléments étant le prérequis à tout marché de l’art.
En résumé, posséder ces jetons, c’est donc justifier de la propriété d’une œuvre originale numérique.
Si le bonheur des êtres humains semble passer par le « Ici et Maintenant », celui du marché de l’art en décide autrement, puisqu’il s’émancipe des 2 !
En effet après les NFT, les OVR (On Line Viewing Rooms) vous permettront, des 4 coins du monde et au moment voulu, de ne plus vous déplacer dans une foire ou une galerie d’art et de visiter virtuellement les deux. Vous bénéficierez de la réalité virtuelle augmentée qu’offre le monde numérique : mise en scène de l’œuvre, qualité d’image haute résolution, accès au prix immédiat etc.
Ce fut le choix réussi de la FIAC, en mars 2021, à cause de la pandémie.
Ces 2 nouveaux éléments NFT et OVR, rebattent les cartes en ouvrant les œuvres à un nouveau public, celui de la génération Y, (de 21 à 40 ans) qui ne voit pas d’obstacle par principe, à acheter une œuvre physique ou numérisée, dans une galerie virtuelle. Ils permettent aussi une baisse voire une disparition des coûts physiques d’une galerie ou d’une participation à une foire.
Heureusement l’expertise des « Femmes et Hommes de l’art » n’est pas encore numérisable…
Dans un esprit d’équilibre, allons voir l’art et le génie humain dans tous ces lieux d’exposition bien réels, à Shanghai ou ailleurs…
(CultureS Shanghai dense, à lire en épisode).
MUSEE
Minhang Museum.
Du mardi au dimanche de 10h à 16h30h.
Adresse : 1538 Xinzhen Lu / Xinlong Lu, Minhang District (新镇路1538号, 近新龙路)
Métro : Ligne 10, Station Hangzhong lu (sortie 1) ou Ligne 9 st.Qibao (sortie 2).
Entrée libre. Réservation par compte officiel Wechat possible sur place (aide du personnel). Audioguide : gratuit (anglais-mandarin) pour les 3 expos permanentes. Déposit : 100RMB
Tel : +86 21 6488-0567.
Le musée :
Musée ouvert en 2002, il est relocalisé depuis le 26 septembre 2019, entre le Minhang Cultural Park et le Powerlong Museum, comme une volonté de fusion entre la culture urbaine et l’environnement.
Conçu comme « une spirale montante hors du sol », par Gluckman Tang Architects, il présente 15 000 m2 sur 3 niveaux, avec un jardin sur le toit.

Minhang Museum propose des ateliers en lien avec ses expositions (peinture sur poterie, tissage et fabrication d’éventails. Il présente 3 expositions permanentes et 1 exposition temporaire, bénéficiant de maquettes, vidéos, multimédias interactifs .
« Renovation of Shanghai-Architectural Heritage in Modern Times. » (F1 à gauche)
Exposition temporaire, jusqu’au 20 avril 2021.

Alors que les 3 expositions permanentes bénéficient d’explications en anglais en plus de celles de l’audioguide, on regrettera pour celle-ci de ne pas maîtriser le mandarin, mais elle reste intéressante et accessible car très visuelle.
Afin de se mettre dans l’ambiance, les enfants pourront mettre un casque de chantier bleu, dès le début du parcours de découverte du patrimoine architectural shanghaïen, aux influences asiatique et occidentale (via les anciennes concessions). De grands panneaux pour chacun des bâtiments emblématiques et historiques, se succèdent.
Les réalisations du magnat de l’immobilier Victor Sassoon : Sassoon House (en forme de « V » de Victor visible depuis son avion), Cathay Mansions, Embankment building, le « S » de Sassoon qui manquait, pour cette réalisation de 1932).

La Villa Moller (1936), petit château de conte de fée de la Shaanxi nan lu, conçu pour la fille de l’armateur suédois éponyme, passionné de courses hippiques.
Le Shanghai Water Works (1884), construit dans l’ancienne concession américaine et toujours visible de la promenade sur la rive du Huangpu dans le district de Yangpu.
Le Shanghai Club (1910), aujourd’hui l’hôtel Waldorf Astoria qui détenait le plus long bar du monde et avait parmi ses membres, le sulfureux parrain de la Bande Verte, Du Yuesheng, self-made-man et fierté pour certains anciens Shanghaiens.
Le Palace Hotel (1908), Swatch Residence aujourd’hui, sur le Bund. Il accueillit l’un des créateurs et modèles du journalisme d’investigation, Albert Londres, pour ses dernières nuits terrestres…etc.
On rappelle ensuite quelques grands noms de l’architecture, ceux qui ont donné son visage historique et glorieux, à la ville de Shanghai : Laslo Ede Hudec (1893-1958), Dayu Doon (1899-1973), « The Allied Architects »…

Dans une 2ème partie « Renovation Technique », vous découvrirez les efforts faits par les responsables du Patrimoine pour le préserver, en respectant au mieux (ce qui n’a pas toujours été le cas), les techniques et les matériaux du passé.
Vidéos, maquettes, objets restaurés montrent les moyens humains (artisans, organismes de protection) et financiers mis en œuvre.
Des échantillons de rampe d’escalier, toiture, porte, plafond à caisson rendent cette réhabilitation plus palpable.

Par un procédé d’images changeantes, vous découvrirez certains bâtiments avant et après restauration, ainsi que des exemples de restauration du patrimoine jésuite à Shanghai, avec la cathédrale St Ignace ou la basilique SheShan, à Songjiang.
Musical Instrument Culture (F1 à droite) :
Exposition permanente. Explications en anglais-mandarin + Audio guide.
Des petites figurines de musiciennes, des dynasties Han, Sui et Song vous accueillent. Retrouvées dans les sites funéraires, elles assuraient le divertissement du défunt dans l’au-delà. Cette exposition présente un aperçu de la riche diversité des instruments de musique en Chine depuis 8000 ans.
Ils sont le signe tangible à travers les âges, des avancées techniques et artistiques de chaque dynastie. Ils indiquent aussi la fonction sociétale accordée à la musique (rites funéraires, divertissements).
Sous les premières dynasties Xia, Shang et Zhou, les robustes percussions de pierre et de bronze (cloches et carillons) ou de peau tendue sur de grands cylindres de bois, rythmaient les rituels de la Cour. Auprès d’eux, les bien plus légers instruments à vent, prendront leur place, donnant à la musique une dimension plus aérienne.

Depuis les flûtes et sifflets en os du Néolithique, le Húlu sī (葫芦丝) est aujourd’hui un des plus emblématiques de cette famille d’instruments. Il est formé d’une calebasse et de 3 tubes de bambou, instrument très apprécié des jeunes élèves chinois. L’auteure-compositrice-interprète française (musique des films La Marche de l’Empereur, Délicatesse etc.) Emilie Simon, montra lors d’un concert à Shanghai, son respect pour cet héritage musical, en utilisant les sonorités uniques de cet instrument, en mars 2015. Elle me confia dans sa loge en avoir appris les rudiments en 3 jours. Accompagnée de son contrôleur d’effets sur le bras, dans son univers très électronique, le Húlu sī a pourtant trouvé sa place.
Les époques se rencontraient, le public appréciait :
https://www.youtube.com/watch?v=RdE_2Ri5KJ8
Vous découvrirez aussi la multitude de flûtes, dont la délicate traversière de bambou, Dízi
(笛子), prisée pendant la prestigieuse dynastie Tang.
Plus loin viendront les instruments à cordes pincées représentés par le Gǔqín (古琴), appelé « 8 cordes ». Il accompagne les mélodies classiques dont le titre est déjà un voyage, « Les oies sauvages sur le banc de sable », « Orchidées »…
La courte dynastie Sui, puis celle des Tang bénéficieront des échanges culturels de la Route de la Soie, avec les instruments à cordes Pipa, Qin et Zheng qui évolueront jusqu’à la dernière dynastie Qīng. Une animation nous les fait découvrir.

Les Húqín (胡琴) eux, accompagnaient opéras chinois ou conteurs et peut-être aviez-vous entendu lors du concert en août 2020, du groupe de rock-folk HangGai, le son émouvant du Mǎwěi, sorte de vielle à tête de cheval, venue de Mongolie.
Plus simple et populaire, vous reconnaitrez facilement le Èrhú (二胡), « 2 cordes », celui entendu dans les campagnes et les quartiers encore populaires, des villes de Chine.
Quelques musiciens reconnus et des techniques de fabrication complèteront cette exposition qui a le mérite de présenter des pièces originales et anciennes d’exception et la diversité ethnique de la Chine, au travers de sa musique.
Maqiao Culture (F2 au fond)

Elle est l’une des 3 cultures anciennes de la province de Shanghai. Si Guangfulin fut celle du district de Songjiang, Songze s’établit dans celui de Qingpu et la culture Maqiao dans celui de Minhang, site du musée.
Les reliques Maqiao sont retrouvées sur un banc de sable appelé « Zhugang ». Ces ancêtres ont tiré leur subsistance de leur environnement naturel (pêche, chasse et cueillette d’aliments sauvages), de l’agriculture et de l’élevage.
Ils ont fait face à des défis environnementaux (typhons et tempêtes de pluie) et ces premiers « Shanghaiens » coexistaient en harmonie avec la nature.
Les bancs de sable et les reliques retrouvés témoignent des changements du littoral. Sur le site de Yutang (150 000 m2), la culture Maqiao datant de 3200 à 3900 ans est celle du bronze primitif du delta du Yangtze. Les 90 reliques sont étudiées et protégées.
On peut ainsi imaginer leur cadre de vie.
Ils ont construit des abris sur pilotis et de forme carrée sur des bancs de sable, en utilisant planches de bois, troncs et branches d’arbres, bambous, roseaux, chaumes et autres matériaux disponibles.
Les reliques recensées ont permis d’identifier 19 espèces d’animaux dont 17 vertébrés (requin, bar, poisson inconnu, tortue à carapace molle, poulet, dauphin, chien, chien viverrin, blaireau à nez de porc, tigre, rhinocéros, porc domestique, sanglier, cerf sika, élan, petit cerf et buffle) et 2 invertébrés (huitre et palourde). Difficile de croire à cet environnement passé, de la capitale économique !
Les cerfs représentaient 70% des animaux terrestres. Vous découvrirez quelques fossiles d’animaux marins.
Afin de mieux maîtriser les apports de viande nécessaires, les ancêtres Maqiao ont organisé un élevage d’animaux devenus domestiques (sangliers, chiens, vaches).
La création et le développement d’outils leur ont permis la chasse, l’utilisation des peaux, les forages (feu, stockage, accès à l’eau).
Les techniques de bandes d’argile et de tour étaient déjà utilisées pour la fabrication d’ustensiles de cuisine et de stockage.
La pierre était façonnée puis polie, afin de créer des outils agraires notamment.
Vous reconnaitrez, un pot à eau en forme de canard, fabriqué avec les techniques du moulage et du tour.
Bien sûr la création artistique était présente et se retrouve sur les ustensiles de cuisine, où est représenté leur environnement, de manière stylisée.
La maîtrise du feu et des techniques de poterie installeront la venue de la protoporcelaine, dont une pièce est visible dans l’une des vitrines.
Quelques bronzes sont présents, sous forme d’outils et d’armes.
La culture Maqiao montre une coexistence harmonieuse de l’humanité et de la nature.
700-YEAR-OLD SHANGHAI COUNTY (F2)
Continuons ce voyage dans le temps. Cette exposition nous raconte un peu des 700 ans de Shanghai, d’abord celle de son territoire plutôt que de sa réalité administrative de ville, qui viendra plus tard.
Appelée Shangyang ou Haishang pour sa proximité maritime, elle fut le petit « village de Huating » puis « préfecture de Huating/ Songjiang », bénéficiant de ressources abondantes (maritimes et terres fertiles).
Le lieu devient une étape du transport maritime et s’installe comme « Shànghǎi », sous la dynastie des Song du Nord (960-1127), afin de récolter les taxes sur les alcools, c’est le « Shanghai Revenue Bureau ».
Les frontières de la Chine se modifient et les Song du Sud (1127-1279) installent leur capitale à Lín’ān (Hangzhou), Shanghai va profiter de sa proximité et aussi de celle de Suzhou. . Elle devient ainsi un lieu stratégique d’échanges économiques.
Prospérité et augmentation de la population en sont les manifestations.
Sous les Yuan (1271-1368), la dynastie Mongole émancipe Shanghai de la préfecture de Songjiang qui pourra vivre ainsi son propre destin.
La géniale HUANG Daopo, vendue à 12 ans comme « enfant-mariée », y fera naître les prémices de l’industrie textile, en plantant le coton, concevant des machines textiles, formant et diffusant ses savoirs.
Elle deviendra une héroïne des avancées techniques de la Chine.
Sous les Ming (1368-1644), de grands travaux sont effectués sur les rivières, afin d’éviter les graves inondations subies précédemment, au sud du fleuve Yangtsé. Voyez la reconstitution d’une écluse, en rondins de bois.
Ces travaux vont donner une nouvelle importance à la rivière Wusong (aujourd’hui rivière Suzhou), au Huangpu et donc à Shanghai… le bourg !
Coton, riz, poisson, sel et soie sont les principales marchandises produites ou transportées. L’essor de la filière textile continue et vous découvrirez la couette retrouvée dans une tombe Ming, faite de calicot bleu, connu sous le nom de tissu Yaoban, imprimé à rayures de Songjiang, l’un des 4 plus connus sous les Ming.
Mais c’est aussi une période troublée pour Shanghai, qui subit la politique de repliement de la Chine sur elle-même, avec l’arrêt des échanges internationaux décidé par l’empereur fondateur Ming Taizu (1328–1398) et les attaques successives des pirates japonais : 5 fois en 1553, c’en est trop ! L’empereur accorde une fortification à Shanghai.
Sous les Ming et les Qing, Shanghai est le port de transbordement des marchandises (plutôt textiles : coton et soie) fabriquées jusqu’à Suzhou, pour les conduire vers le nord de la Chine et en reçoit les céréales, le soja et ses nombreux dérivés. Le transport de la fameuse porcelaine venue de Jǐngdézhèn est aussi dans les cales des navires.
Voyez la scène des navires anti-sable (rectangulaire, peu profond, à fond plat, proue carrée, ayant de 3 à 5 mâts) et le dur labeur des coolies sur les quais de déchargement. Cette industrie de construction des navires anti-sable, devient un des atouts de cette prospérité. Sa vitesse de frêt des marchandises étant plus rapide que celle du fret fluvial, pour les liaisons nord-sud de la Chine.
Promenade dans une rue commerçante reconstituée du quartier de Xiaodongmen, avec ses échoppes de tissus, médecines traditionnelles chinoises, vin, vaisselle. Elle était appelée rue du commerce extérieur, car les marchands venus des provinces du Fujian et du Guangdong, y vendaient grâce à leurs réseaux extérieurs, des articles étrangers.

Mais Shanghai va vivre après les guerres de l’opium et la signature du traité de Nanjing (1842) avec les Britanniques, et ceux qui suivront, son plus grand bouleversement à la fois culturel, idéologique, économique.
Les concessions étrangères apportent de nouvelles avancées scientifiques, technologiques, une nouvelle esthétique (ex : architecture) et idéologie, avec les Jésuites notamment.
Ces échanges des cultures chinoises et occidentales donnent à Shanghai un statut particulier et ces bouleversements feront d’elle, la capitale économique de la Chine, faisant presque oublier la suprématie administrative et économique de Songjiang et Suzhou, dans le passé.
Remarquez quelques objets précieux, dont l’encensoir d’argent finement ciselé, datant de la 1ère République de Chine (1912-1949).

Asseyez-vous peut-être, pour regarder les images et les films d’un Shanghai que nous ne connaitrons pas.
Au-delà des multiples métamorphoses de la ville, on prend conscience du patrimoine considérable déjà disparu…et de la nécessité de préserver aujourd’hui, ce qui doit l’être.
D’autres découvertes suivront…

Vaisselle, vêtements, « nécessaire de beauté », hologramme, maquettes, reconstitutions grandeur nature, vidéos nous aident à mieux comprendre les évolutions, de Huating à Shanghai.
Votre parcours sera accompagné de panneaux d’explication en anglais et d’informations plus précises sur certains objets via l’audioguide.
Les commentaires demanderaient à être moins descriptifs qu’explicatifs.

Une balade vous attend dans le Minhang Cultural Park à la sortie ou celle de la vieille ville de Qibao, bien qu’elle ait perdu beaucoup de son authenticité.
Il faudra revenir pour la prochaine exposition du Powerlong Museum tout près, ou du Long Haipai Art Museum (gratuit).
Institution d’Art Contemporain : TANK Shanghai
Crédit photo Shanghai TANK
TANK Shanghai,
Du mardi au vendredi : 12h-18h, weekend : 10h-18h (dernière entrée 17h30).
Adresse : 2380, Longteng Dadao/Longyao lu, Xuhui District
(龙腾大道2380号, 近龙耀路)
Métro : Ligne 11, Station Yunjinglu.
Tel : +86 21 6950 0005. Possibilité de tour guidé. Info : info@tanksh.cn
Site web : http://www.tankshanghai.com/en/
TANK Shanghai :
Ouvert en mars 2019, il est l’idée originale du collectionneur chinois Qiao Zhibing. Sur un site industriel, le long du Huangpu (West Bund), 5 réservoirs de carburant sont réhabilités en centre d’art contemporain, galeries et autres espaces publics, grâce au travail du cabinet de Beijing, Open Architecture. Ce dernier divise d’abord les réservoirs par diamètre (24 ou 28 m de large), puis par fonction, afin d’offrir un espace de 60000 m2.
Ces grands cylindres blancs stockaient le carburant des avions de l’aéroport de Longhua, tout près. Construit en 1917, il fut le 1er aéroport international de Chine.
La réhabilitation du site est l’une des rares, faite sur le site de réservoirs de carburant. TANK Shanghai est une institution à but non lucratif, qui trouve sa place sur la scène artistique contemporaine de la ville. Elle propose expositions, activités publiques et divertissements autour des thèmes de l’art, l’architecture, la ville et la nature.

Qiao Zhibing :
Collectionneur d’art qui investit dans l’art contemporain depuis 2006.
Sa collection comprend les œuvres d’artistes chinois comme internationaux. Fondateur de TANK Shanghai, il est aussi mentor du 3ème cycle, de la CAFA de Beijing. Il est considéré par ART News, comme l’un des « 200 meilleurs collectionneurs d’art mondiaux », depuis 2013.
« Aesthetics » : Collection privée de Qiao Zhibing
Jusqu’au 11 octobre. Entrée : 50 RMB. Tank n°4
C’est la 1ère fois que le collectionneur présente une partie de sa collection qui sera dévoilée chaque année, sur des thèmes différents : « Aesthetics » (2021), « Emotion » (2022), « Inspiration » (2023).
Il me dit souhaiter « cette exposition comme une conversation ». Elle présente dans un parfait équilibre, 12 artistes, 6 chinois et 6 internationaux.
L’exposition reflétera comment l’art peut établir « un pont subtil entre les époques et les régions, en influençant les individus, amenant ainsi le public à observer et à apprécier l’art contemporain d’une manière plus juste ».
Pour Qiao Zhibing, collectionner est une « intuition personnelle », ce n’est pas un compromis.
Les œuvres exposées comprendront peintures, installations, vidéos et autres supports.
Qiao Zhibing a commencé à collectionner les œuvres de ces artistes de renommée internationale pour certains, dès leurs débuts.

Un lien particulier existe entre les artistes et leur collectionneur. Chaque collection reflétant une époque, des expériences de vie, des souvenirs, des sensibilités partagées.
L’exposition sur 2 niveaux, présente les œuvres des artistes Thomas Houseago, He Xiangyu, Martin Creed, Theaster Gates, Hu Xiaoyuan, Liu Jianhua, Liu Wei et le Colombien Oscar Murillo.
« Bad Neon » par Theaster Gates
Jusqu’au 29 août 2021. Tank n°3. 100 RMB
Theaster Gates : cet artiste américain de 47 ans, vit et travaille à Chicago où il enseigne à l’Université (Département d’arts visuels) et gère certains projets artistiques du Colby College Museum of Art. Il fut l’artiste en résidence au Getty Research Institut.

Theaster Gates et Qiao Zhibing lors de la construction de Shanghai TANK
Crédit photo Shanghai TANK
D’origine modeste il étudie les arts, la céramique et l’urbanisme. On retrouve dans ses installations et performances, une dimension sociale forte. Comme une concrétisation de ses apprentissages il réhabilite dès 2009, des espaces abandonnés en lieu de culture. Il milite pour l’égalité de traitement entre les cultures et notamment dans le monde des arts, qui semble avoir oublié depuis les années 60-70, les artistes noirs, par exemple.
Theaster Gates a exposé ou performé en France (Palais de Tokyo), Allemagne (Sprengel Museum), Suisse (Kunstmuseum Basel), Italie (Fondation Prada), au Canada et aux USA (National Gallery of Art Washington D.C) etc. Il a reçu la Légion d’Honneur en 2017 et le 26e Crystal Award, en 2020 à Davos, pour son leadership dans les communautés durables, comme leader culturel facilitant activement le changement.
« Bad Neon » :
Il y a 4 ans, l’artiste visite TANK Shanghai encore en construction et pense à une installation originale, qui permettrait un lieu de rencontre et d’échanges, la visibilité d’œuvres d’art contemporain, l’écoute de musique, l’esprit de divertissement.

Crédit photo Shanghai TANK
Il propose donc une expérience différente. Ainsi sur une piste circulaire du Tank n°3, les visiteurs pourront patiner sur des roulettes, écouter de la musique des années 80, voir des œuvres sur les parois du tank faites de néon et de leds ou de miroir à facettes (« Houseberg » or ou argent) au centre de la piste. Des films d’époque, rendant hommage à la musique house et aux clubs des années 1980 à Chicago, sont diffusés sur des écrans.

Le jour du vernissage, les visiteurs plutôt de la génération Y, nés à l’époque de la musique qu’ils écoutaient, glissaient sur la piste avec enthousiasme. La maîtresse des lieux était une jeune Dj shanghaienne, vêtue de rouge façon années 80. L’énergie voulue par Theaster Gates était là.
(Détail des œuvres exposées, sur prospectus à l’entrée de la piste, comme « Mama’s Milk »).
EXPOSITION MINIATURE
400 ans d’histoire de Shanghai en miniature.
Ouvert tous les jours de 9h à 21h. Tianyu Mansion
Adresse : 125, Jiuxiaochang Lu / Fangbang zhong Lu, Huangpu District. B1 (repérez plutôt Tianyu sur photo)
Métro : Ligne 10, Station Yuyuan (sortie 1).
Entrée : 120 RMB (1 personne) 180 RMB (2 personnes). Enfant (68 RMB et -1,1m gratuit).
Entrée toutes les 20’
Tianyu Mansion :

Tianyu Mansion intérieur Yuyuan
Bâtiment emblématique du quartier autour du jardin Yu, il est avec ses 6 niveaux, le plus haut de styles Ming et Qing de Shanghai…mais fut construit en 1994 ! Restauré dernièrement, il a ouvert ses portes en automne 2020.
Il fut construit sur un ancien terrain de forage militaire sous la dynastie Ming et accueille maintenant des boutiques de marques locales emblématiques comme White Rabbit (confiserie et dérivés), Feyue et Warrior (chaussures) ou marque chinoise de soins de peau assez ancienne, devenue très en vogue, « Pechoin », ainsi que des boutiques à thème.

Vous y rencontrerez peut-être, la nouvelle génération habillée en Hanfu (vêtements traditionnels chinois) ou style années 30.
Ces nombreux centres commerciaux de Yuyuan sont la modernisation des foires qui entouraient le temple du Dieu de la ville de Shanghai (上海城隍庙), sur la Fangbang Zhong lu.
L’exposition :
Elle présente le long d’un parcours, près de 400 ans d’histoire de Shanghai, au travers de multiples scènes miniatures, de moments ou de lieux choisis de Shanghai, depuis la création du jardin Yu en 1559 jusqu’à 1937.
Première du genre, elle intègre des modèles miniatures, des machines dynamiques, certains objets d’époque et des arts multimédias. Elle est organisée par Yumeng Culture and Innovation. Les 500 bâtiments miniatures, 10000 personnages et 70 installations artistiques interactives ont nécessité le travail de 50 maîtres artisans, pendant 2 ans. Si les informations sont en mandarin, les titres sont aussi en anglais et cette exposition surtout visuelle est suffisamment accessible, compréhensible et les lieux, reconnaissables.
L’interaction voulue la rend ludique et attractive, pour les plus jeunes comme pour les adultes. C’est sûr vous vous prendrez au jeu.
Un conseil ? Appuyez sur tous les boutons et des surprises, des éléments de compréhension, comme des situations drôles, vous seront dévoilés.
5 espaces se succèdent :
Yu Yuan : Vous découvrirez la densité et la richesse de ce site (l’un des 5 plus beaux jardins classiques en Chine) reconstitué d’après un tableau de la période de l’empereur Qianlong (1736-1796). Plus de 3 000 personnages représentés. Un peu perdus par les changements du Yu yuan, vous aurez 3 points de repère toujours actuels : La fameuse maison de thé Húxīntíng (湖心亭), l’entrée de la propriété du jardin Yu et le temple du Dieu de la Ville de Shanghai, de la Fangbang lu.
Route de transport maritime : Dans cette 2ème salle, un décor maritime faits des différentes embarcations chinoises et étrangères de l’embouchure du fleuve Yangtze.
Plus loin une maquette rappelle l’attaque de la porte nord de la forteresse de Shanghai, pour libérer la ville aux mains des insurgés « Les Petits Couteaux » (issus de la mouvance Taiping), le 6 janvier 1855.
La marine Française et l’Amiral Laguerre (ça ne s’invente pas), conduisent cette opération qui doit venir en aide au pouvoir Qing, mis à mal.
Jeux de foire : Dans une ambiance Belle Epoque, ces machines de divertissement revisitées, nous font partager l’ambiance d’une époque, aux travers de ses objets. Dans l’une d’elles, des valises au contenu bien différent est scanné, dans une autre, un hologramme fait apparaitre une photo ancienne dans une cuve d’un laboratoire photo. Approchez-vous des écrans. Au mur, des portraits prennent vie, par la magie du numérique.

Salle principale : vous entrez au cœur de la ville de Shanghai avec une succession de bâtiments emblématiques (Maison Moller, le Normandie, dont vous découvrirez les instants de vie des habitants en appuyant sur le bouton, quartier de Shikumen) de lieux d’activité industrielle (centrale électrique, entreprise d’eau potable Aquarius (1892)…,
de vie sociale (restaurant chez Louis, Cathédrale St Ignace : montez sur le marchepied puis bouton magique pour assister au mariage en cours, rues commerçantes)

ou de divertissements (cinéma Cathay : bouton, film des années 30 et surprise

ou l’ancien Canidrome (Yiyuan Dog) de la Fuxing zhong lu : mettez une pièce, cela déclenche une course de chiens et si vous gagnez, une boite remonte, à échanger à l’entrée contre un petit cadeau).
Les visiteurs pourront même aider à éteindre un incendie à la caserne des pompiers de Nanshi (vieille ville).
Vous assisterez aussi aux travaux de comblement de la rivière YangKingPang (1914-15) qui deviendra la Yan’an lu (1950) et qui séparait l’ancienne Concession Française, de la Britannique.
Les spécialités culinaires ne sont pas oubliées, comme les petits pains à la vapeur de Nanxiang, le sang de canard et la soupe aux vermicelles.
Certains événements historiques de Shanghai non plus, comme lorsque le maire Wu Ruifang organisa un banquet, dans le jardin pour le petit-fils d’un roi allemand, à la fin de la dynastie Qing.
Ces lieux sont restaurés sur la base de leur conception originale et historique, selon l’organisateur de l’exposition.
Le train : Dans cette dernière salle, montez dans le train où des films réalisés à Shanghai, dans les années 20 et 30, sont projetés sur les fenêtres intérieures. Vous reconnaitrez peut-être l’acteur Cheng Yi, le personnage incontournable de San Mao ou l’actrice Ruan Lingyu, dont la tragédie de ses films a rejoint la vie privée.

Cet événement culturel et ludique est bien sûr adapté aux familles.
Il permet d’appréhender plus simplement, des événements historiques, une vie sociale, une architecture, une activité économique de l’histoire de Shanghai.

Tianyu Mansion côté Jiuxiaochang Lu
MUSIQUE ET CHANT
Anne EVENOU en concert.
Artiste appréciée des communautés francophone et anglophone de Shanghai, Anne Evenou a le parcours d’une passionnée de musique, de chant et de Chine.

L’artiste :
Chanteuse de jazz et sinologue, elle découvre seule la Chine en 1996 pendant 2 mois, avant de s’installer à Shanghai en 1998, invitée par le Conservatoire de Musique. Elle a débuté sa carrière musicale à Paris dans l’univers de la musique classique, travaillant avec de grands artistes comme Michel Podolak, Michael Lonsdale et interprétant du chant baroque, de la musique période romantique et des œuvres contemporaines.
Elle partage sa passion artistique entre la Chine, la France et les États-Unis sur des scènes prestigieuses telles que le Shanghai Concert Hall, Shanghai Culture Square, le Shanghai Symphony Hall, le BB King Club à NYC, le Sunset Sunside Jazz Club à Paris.
En concert, elle nous ouvre les horizons, en chantant en 6 langues (chinois, français, anglais, italien, espagnol, portugais du Brésil).
Son répertoire est vaste et s’étend du jazz des grands standards américains, aux grands artistes de la chanson française.
Elle réarrange parfois des morceaux chinois, empruntant aux rythmiques des musiques noires-américaines et latines.
Elle collabore également avec des artistes de musique pop, électronique, de musique chinoise traditionnelle, celtique, ou d’Europe de l’Est, interprétant leurs chants traditionnels et folkloriques.

Un souvenir fort de sa vie professionnelle ?
Celui d’avoir chanté au B.B. King Club à Times Square, le 31 Décembre 2006, afin de « remplacer » aux côtés de Chaka Khan, père de la Soul, le grand James Brown, décédé quelques jours auparavant.
Anne Evenou a repris sa carrière solo depuis 2009 et est l’invitée exceptionnelle du légendaire Jazz at Lincoln Center dans sa version shanghaienne, afin de célébrer la Journée Internationale du Jazz, le 30 avril 2021, ainsi qu’une série de 4 autres concerts le 2, 3, 4 et 5 mai 2021.
Elle invitera chaque soir des musiciens différents et sera accompagnée d’artistes chinois, français, canadiens, israéliens, américains, avec lesquels elle nourrit une amitié musicale depuis des années.
Elle a enregistré son premier album Jazz à NYC dont sa sortie mondiale est prévue en 2021.
Les concerts (Avril et mai 2021) :
• Au Heyday (50 Taian lu/Xingguo lu), le samedi 24 avril 2021 à 21h45 (voir affiche).
• Au Jazz at Lincoln Center Shanghai, 5 soirées : Billets mis en vente entre le 12 et 15 avril sur Wechat, compte officiel Jazz at Lincoln Center (JALC : 林肯爵士乐上海中心).
Vendredi 30 Avril 2021 : 1er concert (19h30 à 21h), 2ème concert (21h30 à 23h).
Dimanche 2 mai 2021 :1er concert (19h30 à 21h), 2ème concert (21h30 à 23h).
Lundi 3 mai 2021 : 1er concert (19h30 à 21h), 2ème concert (21h30 à 23h).
Mardi 4 mai 2021 : 1er concert (19h30 à 21h), 2ème concert (21h30 à 23h).
Mercredi 5 mai 2021 : (19h30 à 21h).
Contact :

Si les artistes sont soutenus en France (même insuffisamment), que dire des artistes français, qui portent la culture aux quatre coins du monde…Ils ont juste besoin de nous !
GALERIE D’ART
« Botanical Transmutations » LIU ZhenChen et Quentin DEROUET.

Jusqu’au 23 mai 2021. ArtCNGallery, du mardi au dimanche 11h à 19h
Adresse : 876, Jiangsu Road près de Huashan Road (上海市江苏路876号,近华山路) Métro : Lignes 10/11 (st. JiaotongUniversity). Tel : +86 21 6167 3917.
Contact : contact@annececilenoique-art.com Wechat : ArtCN-shanghai Pour + d’infos : www.annececilenoique-art.com
Dans cette nouvelle exposition, la galeriste Anne-Cécile Noïque nous propose un dialogue entre 2 alchimistes du végétal, Liu ZhenChen et Quentin Derouet. Issus de cultures différentes, ils ont pourtant une vision complémentaire de la synergie entre l’Humain et le monde végétal et de ce que ce dernier nous enseigne sur nous-mêmes…
Deux visions…
Liu ZhenChen : Nous connaissons l’importance de la Médecine Traditionnelle dans la culture chinoise et pour l’artiste, art, plantes médicinales et minéraux sont médecines. La volonté de les rassembler fait naître une synergie particulière.
L’exemple est donné du caractère chinois 藥 « Yào », signifiant médicament, formé du radical « plante » et du son qui peut prendre le sens de « qui rend heureux », en éliminant maladie et souffrance. Ces racines, tiges, feuilles, fleurs, fruits, graines et minéraux deviennent alors naturellement pour l’artiste, de réels outils, dans l’élaboration d’une œuvre. Chacun d’eux laissant son empreinte mécanique ou formelle sur le papier de coton. Celle-ci devient « un intervalle de temps et d’espace », une respiration au milieu de la couleur.
D’abord vidéaste et artiste d’installation, c’est le contexte de pandémie et la maladie d’un proche qui inspirent ce nouveau média pour lui (peinture à huile sur papier coton) et son sujet, la nature et l’art comme thérapie. Il ira récolter ce qui lui est nécessaire, dans une plantation de MTC de Pudong et en fera même une exposition, dans une clinique privée de Shanghai.
Certaines de ses œuvres, toutes produites en 2020, furent exposées également au Pearl Art Museum, la même année.

Liu ZhenChen est né à Shanghai en 1976. Il vit et travaille actuellement entre Paris, Shanghai et Hambourg. Il est diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Shanghai, de l’École Nationale Supérieure de la Villa Arson et d’un 3e cycle en 2007 du Studio National des Arts Contemporains Le Fresnoy à Tourcoing (meilleure formation française pour les arts vidéo et numérique).

Il a exposé au Grand et Petit Palais, Palais de Tokyo, Nuit Blanche, Centre Pompidou à Paris, Museo Reina Sofia à Madrid, Kunst Museum à Bonn, Musée d’Histoire Naturelle à New York etc. Il a produit également des courts métrages présélectionnés lors d’événements cinématographiques internationaux à Lugano Amsterdam, Sao Paulo…Il a été récompensé une trentaine de fois (festivals et plates-formes artistiques).
Certaines de ses œuvres sont dans les collections du Musée National d’Art Moderne du Centre Pompidou et à la Maison Européenne de la Photographie à Paris.
Sa rencontre avec la galeriste Anne-Cécile Noïque, se fait fin 2020, par l’active scénographe et commissaire d’exposition française Margo Renisio.
La série « Panacea » (« qui guérit tout »), offre à l’artiste un statut d’alchimiste qui expérimente tout, formules comme matérières et offre son travail, comme une médecine au regardeur et à ses maux…
Quentin Derouet, utilise aussi le végétal comme outil mais en limite son choix à la rose rouge, pour sa puissante symbolique. Elle mêle en effet le sublime et le danger, les symboles de larésistance et du fascisme, la source d’inspiration éternelle des grands poètes et une fragilité physique dans le temps.
Dans sa technique d’élaboration, il écrase une rose sur la toile à de multiples reprises (voir vidéo dans la galerie), il y a tout à la fois la recherche de la couleur parfaite, celle plus profonde du sublime et le retour à un geste brut, primal des premiers artistes de peintures rupestres. L’artiste est aussi un alchimiste qui expérimente, en tirant de la rose rouge, sa couleur naturelle ou celles obtenues après altération par le feu (noir) ou l’oxydation (marron).
Il passera 2 mois en 2017, dans une grande plantation de roses du Yunnan, où il travaillera sur le sol, près d’une rivière et au milieu des roses.

Quentin Derouet né en 1988, est diplômé, de l’École Nationale Supérieure de la Villa Arson, avec « Grande distinction ». Il a reçu le prix de la Ville de Nice en 2012. Il collabore en 2014, avec un des grands producteurs de roses de la société Meilland, à Salon-de-Provence, afin d’élaborer une nouvelle variété de rose, avec la plus belle trace de couleur laissée. Il vit et travaille entre Paris et le sud de la France.
Il a exposé à Paris, Nice, Turin, Shanghai (galeries), au Musée d’Art Moderne de Saint Étienne, à la FIAC Hors les Murs, au Carreau du Temple à Paris, au Kunst Merano Arte, à Beyrouth Art Fair etc.

Ici, le végétal au travers de la rose rouge, n’est pas une médecine pour l’artiste, mais il est source de réflexion, concentrant à la fois Eros et Thanatos.
La rose, symbole de l’amour (parfois l’Amour sacré dans l’iconographie picturale) et le rouge, celui de la séduction s’exposant avec exubérance, capte tout regard accessible…mais bientôt le temps et l’oxydation feront leur œuvre, altérant son éclat à jamais, nous rappelant comme une vanité de la peinture classique, que l’accès au sublime ne peut se faire dans la matérialité…
Post-Scriptum...
Ce CultureS Shanghai était déjà en ligne lorsque le vernissage de la galerie Art+ Shanghai a eu lieu. La réactualisation possible et des raisons de venir découvrir cette nouvelle exposition, justifient cet ajout.
Duo Solo « Immersion in Lights & Curtain Time » Bao Lei & Jiang Yifan.
Jusqu’au 23 mai 2021. Art + Shanghai Gallery, du mardi au dimanche, de 10h à 19h.
Adresse : 191, Nan Suzhou lu/Sichuan lu, Huangpu District.
Métro : Lignes 10 et 12, St. Tiantong road.
Tel : +86 21 6333 7223 ; Contact : contact@artplusshanghai.com
Site : www.artplusshanghai.com
(Crédit photos 2, 3 et 6 : Art+ Shanghai Gallery)
Pour cette nouvelle exposition, Art+ Shanghai Gallery innove par plusieurs aspects avec ce « Duo Solo ».
Mais pourquoi cette formulation ?
Après le group show et le solo show, le Duo Solo est un entre-deux. En effet s’il existe un fil conducteur entre les artistes ou les œuvres d’une exposition collective, la galerie présente ici quelques œuvres de 2 artistes chinoises, aux univers et techniques différents, mais qui fonctionnent bien ensemble.
De plus, pour marquer la frontière, 2 ambiances et 2 types d’encadrement se côtoient. Pour Bao Lei, les œuvres enchâssées sous verre ou montées sur aluminium, de manière contemporaine, se retrouvent dans une ambiance gris-bleuté.
Pour Jiang Yifan, l’encadrement massif de bois rappelle les racines auxquelles elle se réfère, dans une ambiance plutôt rouge Ponceau.
« Immersion in Lights » par Bao Lei :

Peut-être aurez-vous l’impression dès votre arrivée (surtout de nuit), d’avoir des œuvres rétro-éclairées, sur le mur gauche, par l’effet lumineux et coloré du travail de l’artiste. Elle choisit l’aquarelle, média quelquefois boudé bien injustement par les collectionneurs, qui s’ajuste ici parfaitement, à l’impossibilité de traduire dans son intégrité, les temps de la mémoire. Tout comme les pigments qui se diluent sur la toile, les événements, les personnages qui habitent notre mémoire, s’estompent inexorablement, laissant la place à l’inconsistant, comme à l’indéfinissable. Malgré tout, de son pinceau l’artiste fixe quelques scènes, qu’elle mélange parfois, dans un ultime défi au temps, mais aussi aux réseaux sociaux chronophages, permettant beaucoup moins ces retours vers nos souvenirs…

Bao Lei : elle est née en 1979 à Guangyuan (province du Sichuan). Après 7 ans d’études, elle obtient une « maîtrise » au Sichuan Fine Art Institute (SFAI), où elle va enseigner, puis obtenir la responsabilité du département d’aquarelle. Elle vit et travaille à Chongqing. Depuis 20 ans, elle a exposé dans sa ville, à Beijing (National Art Museum of China), Hambourg, Düsseldorf, au Canada…
Dans le quadriptyque « Getting Warm », retrouverez-vous l’artiste laqueur français, Wensen Qi, (voir CultureS Shanghai Août 2020) et ami de Bao Lei ?
« Curtain Time » par Jiang Yifan :
C’est une esthétique qui semble bien moins contemporaine au premier abord et une véritable filiation avec celle de la Chine ancienne, que nous propose l’artiste de 28 ans. Logiquement, elle choisit l’encre pour son trait précis et délicat, sur une toile de soie traitée de manière traditionnelle.
Dans le même esprit, Jiang Yifan se réfère à certaines œuvres des dynasties Tang, Song et Yuan, qu’elle remet en scène littéralement, (référence théâtrale par la présence des rideaux rouges d’une scène) et dans lesquelles elle redistribue les rôles, assurant une place maîtresse à la Femme, comme celle sur le cheval, dans « Drifting Flowers », qui prend la place du notable hiératique, de la peinture originelle. Si elle choisit d’honorer son héritage, par les décors (山水画) et l’esthétique étudiés à l’université, sa perspective, sa représentation des corps et sa symbolique, sont bien le langage artistique propre de Jiang Yifan (« River », « Leisure Time »).

Jiang Yifan : Née dans la province du Xinjiang, elle est diplômée de l’Université Populaire de Chine (Maîtrise). Son travail a été présenté dans des expositions collectives (Art Nova 100 artist, Guardian Art Center ou personnelles (Mountain Art Beijing & Frank Lin Art Center, à Beijing…). Elle vit et travaille à Pékin.

Françoise BOURRY-MAUGEIN
culture@shanghai-accueil.com